Implications philosophiques

perception, axiologie et rationalité dans la pensée contemporaine

Dossier 2009 - L'habitat, un monde à l'échelle humaine



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Notes et remarques

[1] Carroué L. Collet D. Ruiz C. La mondialisation. Genèse, acteurs et enjeux. Editions Bréal. Coll. ECS. Paris 2005.

     Houria ARIANE - Page 1

La maison domotisée, la clé d'un avenir durable 

Architecte-urbaniste de formation, actuellement chargée de cours au Département d’Architecture et d’Urbanisme à l’Université Mentouri-Constantine, H. Ariane a déjà abordé le thème de l’habitat à travers des travaux sur les modes d’habiter ruraux et montagnards plus particulièrement, dans le cadre de l’élaboration d’un magister en urbanisme qui traitait de mutations socio-spatiales tout en abordant un volet sur l’habitat vernaculaire local.

A l’heure du village planétaire et des grandes menaces environnementales, nous "échafaudons" en architectes-prospectivistes un petit exercice de prospective où il s’agit pour nous de déceler les traits de la future habitation recherchée par les consommateurs.

C’est du foyer comme service et espace, en somme bien de consommation, que cet article tente de décrypter les tendances, conséquences des mutations de la société contemporaine, afin de les rendre plus perceptibles et saisir ainsi leur sens d’évolution.

Cette opportunité de penser la maison de demain nous est offerte par l'ensemble des défis à relever, qui sont dictés par les principales transformations à l'œuvre dans les modes de consommation, les contraintes environnementales, la sensibilité croissante à l’aspect économique et ce vouloir faire soi-même, qui impactent le monde de l’habitation future.

Il est évident que l’orchestration sera soumise aux exigences du développement durable mais dans une sémantique qui ne doit être ni trop réductrice, ni seulement de "greenwashing", marketing vert de propagande.

L’angle d’attaque pour une telle anticipation-implication ne saurait se détacher des éléments d’influence qui vont se dévoiler pour nous :

Seulement dans cette vision prospectiviste surgit une sorte de mythe recyclé qui réapparaît sous forme de défi sociologique que l’on peut nommer l’implication de soi-même dans cette éternelle ascension de recherche du confort dans l’action d’habiter. Il est favorable à tout ce qui apporte un petit plus pour sa planète tout en voulant préserver son autonomie budgétaire. Il convient d'ajouter à cela l’émergence de nouveaux besoins en matière de confort, d’organisation de l’espace, de loisirs, de connexion au monde extérieur, de sécurité et d’efficacité dans l’amélioration de sa qualité de vie.

L'innovation technologique permanente et surtout rapide ne peut être ignorée lorsqu’on réfléchit à nos maisons. Ne pourrait-on pas prendre ces nouvelles technologies tel un tremplin pour avoir un peu de répit quant à ces besognes rébarbatives et répétitives tout en personnalisant notre confort et en accompagnant ce déferlement technologique nécessaire à notre vie sociale, économique et écologique ?

Cet envol dans le progrès ne se fait pas obligatoirement contre l’essor des nouvelles technologies et c’est une double responsabilité pour nous architectes de concilier ces deux avancées dans le souci de la conception elle-même ainsi que dans celui du développement durable, c'est-à-dire de l’amélioration de la qualité de vie (diminuer les coûts d’installation et d’énergie tout en dévoilant progressivement le potentiel inexploité de ces technologies tant craintes et décriées pour les mettre au service de l’homme).

Ce qui se passe avec le futur de l’habitation c’est qu’en plus des soucis pris en considération par l’habitant (abri, sécurité, confort, site, conception spatiale…) actuellement elle vit l’ère d’une technologie de plus en plus audacieuse mais aussi d’une nostalgie incurable. Devant ces avancées considérables, cette recherche de confort et la conjoncture actuelle, il est patent que le scénario éventuel quel qu’il soit, affichera une hiérarchisation des priorités et une reconsidération de nos jugements inter-temporels, et dans ce cas précis la technologie a le rôle d’un groupe de réflexion mais pas à l’image d’un think tank stricto sensu. Cette méthode de réflexion semble adéquate pour saisir aussi cette hybridation de la proposition existentielle, technologique et autre (co-générée par l’architecte et la communauté) dans le but de réussir une adoption, et une adaptabilité de la proposition qui sera faite.

Tout d’abord, en guise de prémisse du raisonnement nous devons constater de visu ce qui pourrait impacter notre économie, notre mode de vie, notre comportement, notre biosphère, notre écosystème, notre bulle de confiance, notre territoire, pour parvenir enfin à notre habitation.

L’idée est d’avoir justement cette optique nouvelle qui ne se focalise pas uniquement sur les aspects alarmants du réchauffement climatique mais de trouver un consensus qui l’englobera avec tous les autres problèmes de l’habitant et avec les ressources dont nous disposons pour pouvoir accroître de la manière la plus efficace possible le bien-être et le confort de l’habitant.

La société bouge et la maison bouge aussi, qu’elle soit considérée comme un service ou comme un espace, les facteurs l’influençant demeurent :

1 - Le surenchérissement des prix des ressources énergétiques. Nul aujourd’hui n’ignore la montée en flèche des matières premières et des matériaux de construction, conséquence inévitable de la forte requête mondiale de gaz et de pétrole. Le pétrole est non seulement le carburant qui alimente nos économies mais également une ressource énergétique et limitée et non renouvelable. Si auparavant, on considérait les constructeurs qui se souciaient de la consommation énergétique lors de la conception d’une maison comme de timides et surtout capricieux écologistes, aujourd’hui on parle plutôt d’une élégante prise de conscience de ceux-ci.

Entre se chauffer, chauffer l’eau du robinet pour la cuisson des aliments ou pour la douche et faire fonctionner les appareils électroménagers, la maison se doit d’être repensée « performante énergétiquement » et non « énergivore ».

L’énergie a son importance dans le budget d’autant que son coût va en augmentant du fait de la multiplication des appareils électroménagers (pour faciliter le quotidien domestique) et de l’évolution technologique avec ses appareils audiovisuels et de loisirs. C’est un souci des plus cruciaux que de vouloir donc réduire ces dépenses liées à l’énergie, en procédant par ordre d’importance, à savoir, principalement le chauffage d’abord, l’éclairage ensuite et enfin les appareils électriques performants…

2 - L’émergence d’une multipolarité planétaire, En effet une contextualisation dans le temps s’impose, même si nous sommes dès le départ dans un monde où existe une multipolarité de fait, vu que les sources de la richesse matérielle sont déjà beaucoup plus dispersées aujourd’hui qu’elles ne l’étaient auparavant.

La mondialisation se manifeste par l’apparition des modes de vie et de valeurs qui deviennent planétaires. Le mode culturel occidental sous prétexte de signifier le modèle de la modernité a tendance à se déployer sur l’ensemble de la planète. Il est diffusé à travers des produits culturels, des standards référentiels de consommation, certains signes de liberté et aussi une certaine détermination à faire parvenir des valeurs à la mode et surtout indiscutables car jugées universelles.

« L’idée d’une société mondiale suppose une référence à des valeurs communes, considérées comme universelles… Elle nécessite l’expression d’une opinion publique mondiale composée d’hommes et de femmes aux cultures différentes mais conscients des grandes causes communes : la défense de l’environnement, la mobilisation contre les grandes épidémies comme le sida… Face à ces questions d’échelle planétaire, les grandes conférences mondiales ont des applications modestes ».[1]

3 - L’émergence de la société de l’information. La rapidité avec laquelle évolue le duo : technologique/révolution de l'information fait qu’une mondialisation des flux d'information instaure de nouveaux réseaux multimédias à l’infini.

L'émergence de la société de l'information se remarque partout et s’accompagne d’un panel de transformations considérables. Avec l’amplification de l'emploi des technologies et des réseaux d'information, l'informatisation de la société est un état réel que traduit le concept de "société de l’information". L'information numérisée, le négoce et les modes de productivité informatisés, la progression de la part immatérielle de la richesse produite et l’essor d’Internet ont une influence considérable sur notre vie quotidienne.


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