Implications philosophiques

perception, axiologie et rationalité dans la pensée contemporaine

Dossier 2009 - L'habitat, un monde à l'échelle humaine



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Notes et remarques

[2] Parrochia D. Bakis H. Penser les réseaux. Editions Champ Vallon. Coll. Business et Economies. France 2001.

[3] Levy P. L’intelligence collective. Editions La Découverte. 1994

[4] Domotique, kézako? Calaos DOT Blog.html

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La maison domotisée, la clé d'un avenir durable 

« Les interfaces avec ordinateurs vont donc s’humaniser et créer une symbiose de plus en plus étroite entre l’homme et les machines à traiter l’information »[2]

Nous ne pouvons ignorer que l’accessibilité du grand public aux ordinateurs, associée à une éventuelle diminution des prix des ordinateurs avec celle des communications téléphoniques est un réel potentiel pour démarrer une société de l’information (que cela soit pour les pays en voie de développement ou ceux déjà développés).

La socialisation, le lien social se projetteront-ils de la même manière sur l’espace spatial dans l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication ? Le duo internaute/ cyberespace présente ce relationnel sous une autre forme, complexe, réticulaire et surtout de manière ubiquitaire. Une manière de passer de l’économie des forces et capacités à celle de l’intelligence, afin de pouvoir transformer ces réseaux d’informations en un ensemble de connaissances nécessaires pour améliorer le quotidien vécu.

4 - Le progrès des nanotechnologies, l’usage des nanoparticules, des nanomatériaux, des nano puces produites en usines spécialisées, en série ou en pièce unique, sont un investissement considérable dans le monde de la construction et de l’électronique (de la domotique).

Les incidences vont au-delà des matériaux de construction et des gains d’énergie, ces nanotechnologies sont aux abords des technologies en poudre qui innovent dans les supercondensateurs pour écrans, peintures….

Les matériaux intelligents qui régulent les éléments de confort (températures, humidité, lumière) en fonction de leurs environnements sont parmi les premiers usages des nanotechnologies, sensibles, programmables, interactifs, simples ou complexes mais miniaturisés et avec une norme…une sécurité sanitaire, donc surveillés et contrôlés.

Ces nanotechnologies sont une bénédiction pour la robotique domestique et la biotechnologie (puces biologiques pour éventuelle identification …) qui annoncent le stade d’échange d’information et d’interactivité dans le matériau futur, puces allant jusqu’à la reconnaissance de la voix, de l’odeur et même de l’émotion de l’usager….

5 - La prise de conscience des déséquilibres écologiques, par le biais de plans d’actions définis de concert par des communautés conscientes de la menace à l’échelle planétaire, celles-ci s’attaqueront aux problèmes d’intérêt commun et élaboreront des mesures favorables à la croissance économique et à la cohésion sociale. Ce qui contribuera à atteindre l’objectif à long terme du développement durable.

D’ores et déjà l’habitation future sera pensée dans un cadre de durabilité environnementale, recherchera une performance énergétique et une haute qualité environnementale selon des normes et des directives préétablies (utilisation d’énergies renouvelables, gestion durable des ressources naturelles fossiles…).

Cela implique de sortir d’un système de pensée ego-centrique pour maîtriser la spécificité de l’industrie des matériaux...Pour une prudence écologique, les mesures et réglementations du local seront des défis aux anciens modes de construction.

Après avoir passé en revue les facteurs de grande influence sur notre société, s’ensuivent des enjeux et conséquences spécifiques au cadre de vie qu’est l’habitation.

Tout d’abord un rapport aux objets et à l’ergonomie, où les conditions de travail et de confort sont étudiées selon un véritable art de vivre authentique et simple. La facilité, l’aisance, le calme, l’harmonie et le plaisir d’utilisation de tout ce qui meuble l’espace, dans sa pratique, qu’il soit fixe ou mobile.

A nouvel usage nouveau matériel ou nouveau cadre immatériel rendant la recherche spirituelle, psychologique et sensorielle possible et subtile. Créer le matériel et le matériau…

A activité précise, ambiance adéquate, selon l’âge, l’état de santé, la corpulence et l’état de l’humeur. Permettre l’activité et gérer l’ambiance…de lumière ou de sonorisation…

A toute difficulté de création, de production ou simplement d’addiction une aide. Permettre l’assistance et la médiation quelque soit l’univers de la maison dans lequel on se trouve…voyants, capteurs, signaux…

A toute transition, du travail au loisir, du loisir à la détente, de la détente à la besogne : une commodité. Instaurer un confort selon les circonstances et une transition modulable…

A toute civilisation ses invasions et nouveautés. Introduire l’outil nouveau et intégrer sa forme de mobilité selon une nouvelle fonctionnalité…

A toute innovation une adaptabilité et une accessibilité. Créer l’univers adéquat et l’accompagner de ses caractéristiques ambiantes…

Ensuite un rapport à l’hygiène et à la bonne santé, tout matériau sanitaire apportant avec des sensations de légèreté, de propreté et de santé est recherché. La salle de bain elle-même est tout un univers fait d’encens, de parfum, d’hygiène, d’appareillages sportifs et qui éloignent stress et idées noires...un petit spa où la technologie manipule les sons, les couleurs et la pureté…

Le rapport au temps quant à lui est sous forme d’une résistance à l’altérité et aux vecteurs du « sans-identité », dans l’habitation, il est difficile de refouler totalement l’affectif, l’identitaire. Il persiste certaines tendances traditionnelles indélébiles dans le répertoire intime, artisanal, personnalisé, c’est le canevas de l’ensemble. Tout ce qui est ressenti qui peut être caché, ou reformulé en une bulle d’assurance en un lieu précis de l’habitation. Une sorte de caractère métisse entre l’originel nostalgique et l’actuel qui déconcerte, qui interpelle l’espace immersif, connecté…

Le rapport à sa propre tendance fait que l’usager lui-même crée son carnet de tendances. L’homme et son espace domiciliaire sont placés au cœur des polémiques. Le déferlement de la technologie fait main basse sur l’espace domestique pour alléger les corvées ménagères, pour actualiser les loisirs, pour créer la vie sociale et associative, pour assurer parfois un télétravail, pour faire une mise à jour des divers agendas…mais le rapport à soi-même dote cet espace domiciliaire d’un habillage spécifique, tendanciel, comme la tendance affiche une permanence et manifeste une anticipation, une projection dans un espace temps donné est inéluctable.

Finalement un rapport à autrui doit aussi avoir sa place dans l’espace de l’habitant qui présentera sa carte d’identité à travers son espace. En quoi son espace se différencie-t-il de celui des autres ? Comment est-il protégé ? Comment est-il surveillé ? Quel est son design ? Quels sont ses signes discrets ou annoncés de la personne ? Cette habitation à travers sa tendance peut choisir entre la transparence ou l’énigmatique…

Il découle de ce discours, que le courant le plus décisif qui structure l’habitation future est celui des influences technologiques qui génèrent toutes la suite des caractéristiques propres à son habitant. Effectivement les innovations technologiques, fortes de leurs propriétés substitutives et leur efficience doivent s’insérer dans l’espace domestique. Pour ce faire, une nouvelle discipline, « la domotique », s’introduit dans la question de la future habitation comme un mode d’instrumentalisation des activités domestiques, aussi bien programmées que diversifiées en proposant une multitude de services automatisés dédiés à l’habitat et aux habitants.

Bien sûr l’éco-conception est dictée par la mémoire et la sensibilisation collective ainsi que les soucis de performance et de réduction énergétique. L’ensemble des objectifs est atteint par des outils technologiques et tous les paramètres et indicateurs de confort, de respect de l’environnement sont assurés par la technologie, ce qui nous certifie que la technologie ne s’oppose point au confort dans l’habitation future, au contraire elle en active le processus pour les divers paramètres. Ce sont là les atouts et mots clé de la domotique que l'on peut définir ainsi :

« La domotique regroupe l'ensemble des techniques et technologies permettant de superviser, d'automatiser, de programmer et de coordonner les tâches de confort, de sécurité, de maintenance et plus généralement de services dans l'habitat individuel ou collectif »[3]

Dans le langage commun, la domotique prend un sens extrêmement séduisant ! C’est un "cerveau" à la maison afin de la rendre plus intelligente. La maison s'adapte au mode de vie de l’habitant pour le simplifier, et non l'inverse comme c'est le cas dans les habitats actuels. De même, le contrôle sur la maison s’opère à partir de n'importe où et de n'importe quel outil (Internet, téléphones mobiles).

La domotique parvient donc à créer une sorte d’âme artificielle, intelligente grâce aux systèmes ubiquistes constitués par les différents paramètres. Notons qu’il est gagné dans cette utilisation un partage de ressources et une économie de moyens par opposition aux systèmes traditionnels qui, eux, n’étaient aptes qu’à des tâches uniques. Nous passons donc de la simple notion d’appareil domestique au concept nettement plus fonctionnel de la domotique.

H. Ariane



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