Peut-on parler de sécurité sans être suspecté d’obsession sécuritaire ?

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Pour préciser les enjeux liés à une telle interrogation, l’on s’appuiera sur l’examen critique d’un slogan qui constitue un pan des politiques de lutte contre l’insécurité urbaine menées  en France depuis trente ans : « la sécurité est l’affaire de tous ». Au milieu des années 1980, cette formule était l’un des leitmotiv associés au lancement d’une nouvelle politique de prévention de la délinquance. Ses instigateurs s’enorgueillissaient de traiter des problèmes d’insécurité par la promotion d’une méthode pragmatique plutôt qu’en référence à des explications idéologiques coupables d’entretenir un clivage suranné entre la prévention et la répression. Les dispositifs qui incarnèrent cette démarche, les Conseils Communaux de Prévention de la Délinquance (CCPD), représentent aujourd’hui, sur le versant de la sécurité, la figure ancestrale de ce que l’on nomme depuis les années 1990 la « politique de la ville ». Pour ses acteurs les plus expérimentés, ils en constituent souvent l’âge d’or.

Encore faut-il préciser la portée de ce slogan : la sécurité est l’affaire de tous, mais ensemble et non chacun dans son coin. À l’époque, les chargés de mission du Conseil National de Prévention de la Délinquance entendaient réunir élus, policiers et éducateurs autour d’une même table. Leur objectif était de les conduire à s’engager dans la construction d’une analyse partagée des problèmes d’insécurité qui affectaient un territoire ciblé. Cette orientation supposait d’en finir avec ces complaintes convenues où chacun se désolait de voir son travail auprès des jeunes ruiné par l’autre, sous l’effet de la complaisance éducative ou de la brutalité policière.

« La sécurité est l’affaire de tous » est-elle un aphorisme ou un lieu commun ? À bien des égards, la sentence présente tous les signes apparents du poncif. La réduire à cela serait oublier combien cette évidence n’allait pas de soi il y a trente ans, ce qu’illustre la réticence avec laquelle les éducateurs se sont associés aux dispositifs de « coproduction de la sécurité ». Leur travail quotidien auprès des jeunes ne constituait-ils pas une manière suffisante de contribuer à la production de celle-ci pour qu’ils n’aient pas explicitement à s’en revendiquer ? Ne s’exposaient-il pas à mettre en péril leur crédit auprès des jeunes en risquant paraître livrer à la police des informations les concernant ? « Nos intentions ne sont pas de transformer les éducateurs en indics, mais simplement de s’assurer que certains jeunes particulièrement difficiles ou en grande difficulté sont sérieusement pris en charge », rétorquaient les policiers dans un dialogue de sourds où la réalité se distinguait bien peu de sa caricature. Pour mobiliser les travailleurs sociaux dans le partenariat de la politique de la ville, il était plus judicieux de les inviter à lutter contre l’exclusion. Aujourd’hui, ce souci d’apprendre à travailler ensemble continue de heurter les habitudes. Derniers invités à entrer dans la discussion, nombre d’architectes urbanistes rechignent à considérer la légitimité du lien entre sécurité / sûreté et conception de l’espace.

Il ne faut pas non plus négliger combien cette rhétorique de la sécurité comme étant l’affaire de tous est venue en butte à l’une des convictions les plus ancrées au sein de la société française : l’idée que la sécurité relevait exclusivement de la responsabilité de l’État, en l’occurrence de ses services de police, de gendarmerie et de justice. Les limites atteintes par les expériences de police et de justice de proximité ont laminé cette croyance. Ces dispositifs visaient moins à faire de la sécurité l’affaire de tous qu’à s’occuper de tout ce qui pouvait contribuer au gonflement du sentiment d’insécurité : moins les crimes que la multiplication des petites atteintes à la tranquillité publique. La police de proximité a confirmé que si notre police nationale accomplit avec brio ses missions de maintien de l’ordre et de répression judiciaire, elle n’est pas formatée pour veiller à la tranquillité publique[1]. Dans l’imaginaire policier, les « brigades du tigre » de Clemenceau priment toujours sur cette police de rue pour laquelle le préfet Lépine préconisait de recruter des agents « grands, forts et bêtes ». La justice de proximité, quant à elle, n’a jamais été identifiée comme une instance judiciaire à part entière. Faut-il le déplorer ? Si la police et la justice de proximité dépassaient les problèmes d’organisation qui leur font obstacle, n’aurions-nous pas à redouter que l’attente d’un règlement par ces institutions de tous nos problèmes quotidiens de tranquillité nous expose à vivre sous le contrôle anxiogène d’un État policier et d’une « judiciarisation » du social ? Faire de la sécurité l’affaire de tous est à l’opposé de la délégation aux forces de sécurité du soin de s’occuper de tout.

Poser la sécurité comme l’affaire de tous ne se limite pas à dissiper quelques fausses évidences : la formule bouscule des postures convenues, notamment celle qui traque l’obsession sécuritaire dans la moindre expression d’une préoccupation en matière de sécurité. La réception de notre ouvrage ou plus exactement les réactions à son titre, au double sens pourtant explicite, nous ont permis d’éprouver combien l’idée de « défendre la ville »[2] conservait quelque chose d’illégitime. On pourrait surtout recenser tous les énervements suscités par la notion « d’espace défendable » de l’architecte américain Oscar Newman[3]. Dans son principe, la construction d’un espace défendable vise à favoriser les interactions et les échanges entre les individus pour créer des réflexes de solidarité et un sentiment de responsabilité à l’égard de l’intégrité et de la tranquillité de certains espaces communs[4]. Cet objectif de surveillance « naturelle », de renforcement du contrôle social informel, n’est pas facile à atteindre, mais il est aux antipodes de l’édification de ces forteresses auquel on assimile souvent l’urbanisme de la sécurité. Peu importe, le « Defensible Space », car pour diaboliser cette notion il est recommandé de la citer en anglais, est avant tout fustigé au nom du caractère indéfendable de l’espace.

Pour une partie de la pensée drapée dans sa lucidité « critique », ce caractère indéfendable de l’espace tient au fait que la société ou la ville ne reposent pas sur une communauté de valeurs partagées mais sur un ordre social imposé aux dominés par les dominants. L’hypothèse est sous bien des angles acceptable, les sociétés sont toujours plus ou moins fondées sur des rapports de domination, même si les relations de pouvoir ne se réduisent au caractère institué de ces relations d’obéissance mais relèvent aussi de jeux d’influence à construire. En revanche, de cette existence de violences non reconnues comme telles  qu’exercerait la société sur ses membres,  il est contestable d’en déduire qu’elle rend légitime toutes les formes d’atteintes  à l’ordre social. Or, pour ces vertueux, tant que la société reste capitaliste, se soucier de sa sécurité vous rend complice de la violence que son ordre exerce sur les plus démunis. Scrutez les conditions dans lesquelles les habitants pourraient être associés à la « coproduction » de sécurité, faites de la sécurité l’affaire de tous et vous devenez suspect d’employer une « sauce participative » pour mieux vendre votre obsession sécuritaire.  La noblesse intrinsèque de la participation servirait ici à dissimuler l’ignominie constitutive de la sécurité.

Assumons une position résolument durkheimienne : la société, aussi imparfaite soit-elle, est la première des richesses de l’homme. Il est à ce titre légitime de la défendre, surtout quand l’insécurité apparaît aujourd’hui comme étant davantage le symptôme d’une société qui se défait que la conséquence de l’emprise de son ordre[5]. La haine de la société telle qu’elle existe constitue davantage le terreau du terrorisme que la promesse de sa réforme. Le souci de « faire société » implique de prendre l’insécurité au sérieux. Celle-ci constitue une menace sur la capacité des individus à communiquer entre eux. Le problème est d’autant plus sensible lorsqu’il touche ce cadre urbain dans lequel cette promesse de communication a trouvé dans l’histoire son sens le plus plein.[6] Dans son histoire de la violence, Robert Muchembled rappelle combien la ville à la fin du Moyen Âge représentait un relatif havre de paix comparé à la violence de la société dans son ensemble.[7] En dépit d’un sentiment d’urbaphobie qui fut particulièrement vif à l’encontre de la cité industrielle et de sa concentration de nécessiteux, la ville est apparue comme le cadre d’un mouvement irrégulier mais affirmé de « civilisation des mœurs », au point qu’il était tentant, des années soixante jusqu’au début des années quatre-vingt, d’interpréter les déplorations à propos de l’insécurité urbaine comme un artefact destiné à légitimer l’emprise croissante du contrôle policier sur les classes populaires. Depuis 30 ans, la résurgence de la violence dans les villes ne permet plus de réduire l’insécurité urbaine à une manipulation astucieuse du pouvoir. Le développement des incivilités et des « violences urbaines » est la conséquence des processus d’exclusion attisés par le déclin du travail industriel et qui aujourd’hui minent la société. Notons que les plus prompts à dénoncer l’idéologie sécuritaire, et aussi l’usage du terme de ghetto, sont souvent ceux qui, il y a vingt-cinq ans, accueillaient avec dérision l’hypothèse d’une nouvelle question sociale davantage axée sur des rapports d’exclusion que d’exploitation. Ils diagnostiquaient dans l’accroissement du nombre d’exclus un avatar moderne de l’armée de réserve du Capital, aveugles au fait que si l’exclusion désarmait autant les dominants, ce n’était point qu’elle était plus importante qu’à l’époque industrielle, mais qu’elle avait justement cessé d’être utile aux patrons. Elle n’était plus ce moyen efficace de contraindre le peuple à se résigner au bagne de l’usine[8]. Dès lors que la discipline industrielle n’a plus tant besoin de bras que cela, l’exclusion compromet l’ordre social plus qu’elle ne lui sert d’appui.

La répulsion envers la sécurité n’est pas toujours aussi nettement articulée à de l’idéologie. Le terme même de sécurité relève de ce que Marcel Mauss nommait « une mystique du mot »[9]. Celle-ci désigne des affects si fortement associés à des mots qu’ils écrasent la signification des discours qui les contiennent. Les réactions quasiment pavloviennes qu’ils provoquent paralysent toutes écoutes et esquisses de réflexion. Dans son dernier livre, Alain Ehrenberg évoque à propos de cette mystique combien l’aversion épidermique de la société américaine pour l’idée de protection est comparable à celle de la société française pour l’idée de compétition.[10] Certains mots nous paraissent bons par essence (solidarité, justice, égalité, …) et d’autres mauvais (compétence, capacité, opportunité, sécurité,..) quand l’urgence est de s’atteler à l’étude des nouveaux contextes dans lesquels ces mots se trouvent employés. À ce titre, considérer la sécurité comme l’affaire de tous marque un changement contextuel d’envergure. Certes, il s’avère parfois judicieux d’essayer de substituer un mot à un autre lorsque les connotations péjoratives qu’il véhicule semblent trop préjudiciables à ses capacités de mobilisation. Mais par-delà les distinguos entre sûreté et sécurité, l’important est surtout d’examiner dans quelles conditions celle-ci ou celle-là peuvent engager une démarche de qualité urbaine ou servir de socle à la cohésion sociale, comme le prétendent les auteurs du guide des études de sûreté et de sécurité publique dans les opérations d’urbanisme, d’aménagement et de construction.[11] L’enjeu n’est pas de basculer de la dénonciation à la célébration, mais de la mythologie à l’analyse. Aussi est-il nécessaire pour cela de capitaliser les expériences en matière de sécurisation des lieux et de les penser.

L’Architecte, la ville et la sécurité de Paul Landauer[12] montre que penser les problèmes de sécurité dans la fabrication et l’animation des espaces urbains est sans doute le meilleur moyen de conjurer l’avènement d’une ville sécuritaire. À l’opposé, nier l’existence d’un lien entre la sécurité/sûreté et la conception de l’espace laisse libre cours au développement d’un urbanisme sécuritaire qui repose davantage sur la peur et le mimétisme commercial des promoteurs que sur la réflexion. Depuis les années 1980, les errements des politiques de « coproduction » de la sécurité ont en effet incité les bailleurs sociaux et les propriétaires immobiliers à recourir de manière croissante à « la sécurisation passive » de leur patrimoine et de l’environnement urbain. La diffusion de ces pratiques a trouvé son assise sur un discours savant : la prévention situationnelle. J’avais souligné, dans Défendre la ville, une indéniable paresse intellectuelle à assimiler la prévention situationnelle à la répression en raison de l’apparence de leur commun renoncement à lutter contre les causes sociales de la délinquance. L’ouvrage de Paul Landauer souligne la faiblesse analytique de cette notion de prévention situationnelle qui, une fois distinguée de la prévention sociale, qualifie de manière peu précise les formes prises par l’urbanisme de la sécurité. Son livre décrit l’émergence d’un nouveau modèle de sécurité en urbanisme qui diffère des applications habituellement associées à la prévention situationnelle et à la notion « d’espace défendable ». Plus que par de nouvelles fortifications ou par l’aménagement spatial des conditions d’une surveillance spontanée, la sécurisation des villes opère davantage au moyen de techniques de séparation et de mise en circulation des publics, ou de modulations incessantes des limites de l’espace public. Et Paul Landauer de nous mettre en garde contre les risques d’altération de la vie urbaine que ces techniques recèlent. Par exemple, ces projets d’espaces publics qui loin de leur promesse de permettre à la population de se retrouver avec plaisir détruisent sournoisement les caractéristiques de l’espace public, l’hospitalité pour tous, quand l’inconfort des bancs et une légère inclinaison de la place rend pénible le maintien d’une position statique. Empêcher l’immobilité, forcer au déplacement, tel est le plus sûr moyen de limiter les possibilités de rencontres et l’attention envers autrui par quoi se définit l’urbanité.

La sécurité relève sans doute de ces choses comme le sommeil ou l’estime des autres dont John Elster[13] suggérait que l’on ne devait pas trop les vouloir ou les désirer pour les obtenir. Mais escamoter cette question de la sécurité revient à laisser le champ libre à des procédés qui, sans qu’on y prenne garde, privent l’espace public de son urbanité. Or, la sécurisation des espaces urbains n’est pas condamnée à emprunter les seuls modes de l’exclusion des personnes indésirables et du repli sur soi. Il ne faut ni nier ou négliger les motifs qui poussent à ces pratiques d’exclusion, ni ignorer qu’il existe d’autres modèles de sécurisation des espaces urbains. Paul Landauer pose au début de son ouvrage un défi fondamental pour le devenir des politiques de sécurité urbaine : comment tirer parti de l’invention d’un nouvel art de sécuriser les villes pour renforcer la vie urbaine ? L’engagement de l’architecte dans la production de sécurité a pour enjeu un dépassement de la prévention situationnelle dans un urbanisme de la sécurité qui marque la redécouverte plus générale des enjeux liés à l’œuvre d’urbanisme, notamment sa vocation d’étayer les formes de convivialité que nous souhaitons favoriser.

En considérant l’espace public comme n’étant plus la source de tous nos problèmes mais une partie de la solution à ces problèmes d’insécurité urbaine, l’ouvrage de Paul Landauer s’inscrit dans cette transformation plus générale de notre rapport à l’urbain : de la haine de la ville  à l’émergence d’un nouvel amour pour celle-ci[14]. À ce titre, dans le camp des urbaphobes, on compte à la fois ceux qui ne jurent que par l’usage de la quincaillerie sécuritaire pour sécuriser la ville, et ceux que toute évocation de l’insécurité hérisse, toujours prompts à dénoncer dans la pose d’un interphone une « gated community » en germe.

Comment peut-on parler de sécurité sans être suspecté d’obsession sécuritaire ? Dans le cadre d’une urbaphilie partagée. Celle-ci ne désigne pas un goût plus prononcé qu’autrefois des individus pour la ville. À l’échelle des aspirations personnelles, les sentiments envers la ville restent partagés, instables et ambivalents. L’urbaphilie est davantage un manifeste politique, une valorisation de l’esprit de la ville comme capacité à s’associer ensemble pour agir, cela de manière transversale aux appartenances primaires et à distance de tout tropisme fusionnel. Orientation politique, l’urbaphilie n’interdit pas de rendre cette question du traitement de l’insécurité urbaine conflictuelle, tant sur le plan de la conception de l’aménagement des espaces que sur celui de leur gestion. En effet, l’action sur le bâti est indissociable d’une réflexion sur la gestion urbaine des différents territoires qui composent une ville : la sécurité est l’affaire de tous, mais il ne faut pas en déduire que nous sommes tous responsables au même niveau de la sécurité !

Thierry Oblet


[1] Cf . Dominique Monjardet, Ce que fait la police, sociologie de la force publique, La découverte, Paris, 1996.

[2]Thierry Oblet, Défendre la ville, PUF, Paris, 2008. Dans cet ouvrage, il s’agit de défendre la ville non seulement contre les délinquants qui en rendent la fréquentation invivable, mais surtout contre les dispositifs sécuritaires qui anéantissent ce qui fait la valeur de la ville : un espace de liberté favorable aux rencontres et aux échanges entre individus différents.

[3] Par exemple, Jean-Pierre Garnier « Un espace indéfendable. L’aménagement urbain à l’heure sécuritaire », Les temps maudits, n°16, mai/septembre 2003. (En ligne sur le net).

[4]Oscar Newman, Defensible space, Mac Millan, New York, 1972.

[5] Cf. Jacques Donzelot, La ville à trois vitesses, Ed de la Villette, Paris, 2009.

[6] Cf. Thierry Oblet, « L’insécurité, cœur de la question urbaine », Pouvoirs Locaux n’°78 III/2008, p.61-65.

[7] Robert Muchembled, Une histoire de la violence, Seuil, Paris, 2008, (en particulier le chapitre IV : la paix urbaine à la fin du Moyen Âge.)

[8] Sur cette analyse de l’exclusion comme moyen de chantage pour l’intégration. Cf. Jacques Donzelot, « Le social de troisième type », in J.Donzelot (dir.), Face à l’exclusion, le modèle français, Paris, Esprit, 1991.

[9] Marcel Mauss, « L’âme, le nom, la personne » (1929), Œuvres 2, Paris, Minuit, 1968, p.131-134.

[10] Alain Ehrenberg, La société du malaise, Paris, Odile Jacob, 2010.

[11] DGUHC, DGPN, DIV, Guide des études de sûreté et de sécurité publique dans les opérations d’aménagement et de construction, La documentation Française, Paris, 2007.

[12] Paul Landauer, L’architecte, la ville et la sécurité, PUF, Paris, 2009.

[13] John Elster, Le laboureur et ses enfants, Deux essais sur les limites de la rationalité, Les éditions de Minuit, Paris, 1987.

[14] Cf. Jacques Donzelot, Vers une citoyenneté urbaine ? Editions rue d’ULM/EMMAÜS, Paris, 2009.