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Star Wars IV, V, VI. Un univers géocentrique.

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Star Wars IV, V, VI. Un univers géocentrique.

 

Emmanuel Pasquier (Lycée Pothier, Orléans)

 

Résumé

Réfléchissant à partir des épisodes classiques, IV, V et VI de la saga, nous essayons de montrer que, sous les apparences d’un univers infini, l’espace de Star Wars est structuré comme un espace géocentrique. 1) On examinera d’abord les éléments cosmologiques qui nous permettent de justifier une telle hypothèse interprétative, malgré son caractère paradoxal. 2) On reliera ensuite cette cosmologie à la trame narrative elle-même. On essayera de montrer que, sur le plan politique, l’affrontement entre l’Empire et la Rébellion a pour enjeu la question de la centralisation du pouvoir, représentée par l’Etoile noire. 3) Enfin, on en esquissera une interprétation psychanalytique, en suivant une ligne d’équivalences reliant la Terre, la mère et la Force. On montrera ainsi que l’affrontement entre Luke Skywalker et son père Darth Vader a pour enjeu de retrouver la Terre/mère absente.

Abstract

Focusing on the three classical episodes, IV, V and VI, of the saga, we try to show that, although it appears to be an infinite universe, space, in « Star Wars », is structured as a geocentric space. 1) First we examine the cosmological elements which justify that interpretation, paradoxical as it may be. 2) Then we show the relation between that cosmology and « Star Wars »’ narrative itself. We try to show that, on the political level, the struggle between the Empire and the Rebellion is a struggle about the centralization of power, embodied in the the Death Star. 3) Finally, we propose a psycho-analytical interpretation, following a line of equivalences between the Earth, the mother and the Force. We shall thus show that, what is at stake in the struggle between Luke Skywalker and his father Darth Vader (sorry, spoiler), is the search for the lost Earth/mother.

 

Introduction

Nous voudrions montrer que l’univers de Star Wars est, contrairement aux apparences, un univers géocentrique, et que ce géocentrisme joue un rôle structurant dans sa fable œdipienne – fusion avec la mère, affrontement avec le père.

Parler de géocentrisme paraît bien sûr paradoxal, dans l’univers d’un « space opera » placé sous le signe de l’éclatement interstellaire, des combats de vaisseaux spatiaux et des sauts à vitesse lumière. Nous croyions être dans un univers post-einsteinien de « trous de ver », plutôt que dans un cosmos aristotélicien. Si géocentrisme il y a, il ne peut donc pas s’agir d’un géocentrisme dans son sens le plus littéral – une Terre immobile au centre de l’univers. Pour autant, il nous semble possible – et même nécessaire – de faire apparaître une sorte d’infrastructure géocentrique, derrière le voile apparent, métaphorique, du décor intersidéral.

Rappelons d’abord que, sous les apparences du genre de la science-fiction, Star Wars est en fait un conte de fées. Tout y est : la princesse, le chevalier, le vieux mage, le méchant empereur, la citadelle imprenable. Nains, géants, sorciers, bouffons, monstres, romance et magie noire, rien ne manque au cocktail. L’univers merveilleux est transposé dans les étoiles, mais il n’en reste pas moins fermement ancré dans son genre d’origine. Nulle part il n’est question de « science-fiction », dans le sens d’une extrapolation futuriste à partir de théories scientifiques. Pas d’anticipation, donc. Mais tout de même, dira-t-on, et le voyage dans l’espace ? Mais quel est l’espace de Star Wars ?

I. Un géocentrisme diffus

Dans Star Wars, l’espace intersidéral est transfiguré : c’est un espace, pour ainsi dire, domestiqué, entièrement maîtrisé par ses occupants, capables de construire des vaisseaux qui ont la taille d’une planète. L’ « Étoile noire » est la version spatiale de la citadelle du méchant magicien. L’espace de Star Wars est le lieu d’une navigation héroïque digne des films de pirates. Rien à voir avec la rêverie de Stanley Kubrick dans 2001, Odyssée de l’espace. La valse du vaisseau et de la station orbitale, dans 2001, le silence absolu des scènes de sorties dans l’espace, l’expérience de l’apesanteur : autant de tentatives, chez Kubrick, pour rendre visible, par la magie du cinéma, quelque chose de proprement extra-terrestre : une confrontation à une autre expérience de l’espace que l’espace terrestre. Expérience qui culmine dans la longue séquence d’une traversée lumineuse qui confine à l’art abstrait – métaphore du cinéma, sans doute, mais ce serait une autre analyse.

Rien de tel dans Star Wars, au contraire, toute désorientation est ici gommée. Ici, tout est moteur et vrombrissement. Les lasers et les explosions sont sonores et enflammées, comme s’il n’y avait pas de vide. Les distances infinies sont bien vite franchies. Le franchissement de la vitesse de la lumière ne donne lieu à aucune rêverie einsteinienne sur la plasticité du temps. Au contraire, il s’agit d’abolir l’immensité intersidérale, pour ramener, dans un flash de lumière, l’univers infini aux dimensions d’un espace navigable. Si le temps se dilatait chaque fois que le Faucon Millenium sautait dans l’espace-temps, il deviendrait impossible de rester dans une narration classique. Il faudrait que les décalages spatio-temporels deviennent l’enjeu même de la narration – comme c’est le cas dans le film de 2014 de Christopher Nolan Interstellar, par exemple, où le voyage dans l’espace devient un voyage dans le temps, et dans la multiplicité des espaces-temps. À ce compte-là, Luke Skywalker aurait eu la barbe dès l’épisode IV. Mais, alors, comment aurait-il sauvé la princesse ? Non, si l’on franchit l’hyper-espace, dans Star Wars, ce n’est que pour revenir au plus vite au format du corps-à-corps aérien. Cet « espace », en vérité, est un ciel. Il est décroché de telle ou telle atmosphère planétaire, mais il n’est rien d’autre que l’atmosphère ambiante de l’ensemble des planètes. Englobées dans cet espace homogène, l’ensemble des planètes de Star Wars forme comme un archipel à échelle cosmique.

C’est pourquoi, à sa façon, l’univers de Star Wars reste, paradoxalement, profondément géocentrique. La planète Terre n’y existe pas en tant que telle, mais elle est pourtant omniprésente sous la forme disséminée de la multiplicité des planètes : l’ancrage dans la vie planétaire reste le principe structurant de l’espace, qui n’est pas le lieu d’une désorientation radicale, ni spatiale, ni temporelle, même pas le lieu d’un voyage, mais seulement l’intermédiaire entre des terres diverses. Dans Star Wars, l’espace n’est pas un enjeu narratif, c’est un artefact visuel qui sert de medium pour ramener chaque fois l’action dans un nouveau décor.

Ainsi, chacune des planètes visitées au cours de la saga représente un aspect des paysages terrestres, par un jeu d’exacerbation des stéréotypes qui aboutit, finalement, à une sorte de farandole des quatre saisons : le désert de Tatooine, sous le feu de plusieurs soleils (et que l’on peut véritablement visiter en Tunisie). La jungle tropicale et marécageuse de Dagoba, où Luke trouve Yoda. La planète de glace, Hoth, au début de L’Empire contre-attaque. La planète gazeuse Bespin, où se trouve la Cité des nuages, station off-shore aérienne de Lando Clarissian, etc. Feu, glace, cité-nuage, jungle. Planète-jardin, planète-forêt, planète-volcan. Les quatre éléments sont représentés, jouant sur les polarisations classiques des cosmologies antiques, entre le chaud et le froid, le sec et l’humide, le lourd et le léger. On est décidément plus près d’Empédocle que d’Einstein.

Ainsi, en particulier, sur Dagoba, auprès de Yoda, Luke fait l’expérience, toute terrestre, de la lourdeur : lourdeur de son corps, lourdeur de son vaisseau embourbé dans le marécage. Lourdeur qu’il s’agit, justement, de surmonter, par l’élévation à un nouveau degré de spiritualité, par la maîtrise de la Force. Matérialisation d’une terre bourbeuse et pesante, Dagoba est aussi le lieu de la profondeur. C’est là, dans l’inquiétante cave où il descend pour compléter son initiation, que Luke fait l’épreuve du mystère de son origine. La polarité lourd/léger, profondeur/surface, est au centre de l’intrigue même de la saga, structurée selon un axe vertical, sur le thème de l’arrachement à la pesanteur.

De manière significative, alors que, d’une planète à l’autre, la plupart les décors terrestres possibles semblent représentés, il n’y a pas de planète aquatique, qui donnerait lieu à des aventures maritimes. Et pour cause. L’équivalent de l’élément aquatique, c’est l’espace lui-même, lieu de la navigation entre les planètes, des abordages et de la contrebande. Dans l’univers de Star Wars, le ciel est la mer, milieu englobant dans lequel baignent tous les espaces terrestres, et voie de communication universelle qui les relie tous entre eux.

Qui plus est, cet espace n’est pas vide. C’est un espace substantiel, plein d’un principe de vie : la « Force ». Dans les cosmogonies antiques, cette essence qui baigne toute chose, infiniment subtile et qui constitue le principe des quatre éléments, était désignée comme l’« éther », ou la « quintessence », c’est-à-dire, littéralement, le « cinquième élément ». La Force est cet élément invisible qui baigne et constitue tous les autres.

Ainsi, ce qui pourrait apparaître au premier abord comme un univers infini, ouvert, dispersé dans l’intersidéralité, est en fait ramené à l’ordre, à la mesure, à l’harmonie, c’est-à-dire est structuré comme un « cosmos » pré-moderne. La diversité apparente des planètes est seulement la métaphore d’une pluralité de continents, caractérisés chacun par un élément dominant, tour à tour la Terre, le Feu, l’Air ou l’Eau-glace. Ils sont reliés entre eux par un espace, qui, en tant que voie de communication, est l’équivalent de la mer entre les continents, mais qui, en tant que siège d’une force mystique universelle, baignant toutes choses, est l’équivalent du ciel. De même que, sur Terre, toutes choses sont sous le ciel, toutes choses, dans Star Wars, sont dans la Force.

Quant au caractère centralisé de cet univers, il est mis en place par la planète autour de laquelle tourne toute l’intrigue : l’Étoile Noire. On notera que celle-ci, de manière significative, attire à elle les vaisseaux qui entrent dans son périmètre. Dans le titre original, « Star Wars », « Star » est bien au singulier : il aurait fallu traduire « Les Guerres de l’Étoile », toute l’intrigue étant centrée autour d’une étoile unique (qui, par ailleurs, est en fait une planète).

II. Rébellion contre Empire : exploser le centre.

Dire, au service d’une lecture géocentrique de Star Wars, que, dans cette histoire, « tout tourne » autour de l’Étoile Noire, est plus qu’un jeu de mots. La centralisation de l’espace est au cœur de l’intrigue, à la fois dans sa dimension politique et dans sa dimension psychanalytique.

Examinons d’abord ce thème du centre dans l’intrigue politique de Star Wars.  Ce sont deux modèles du gouvernement de l’Univers qui sont en rivalité : le modèle centralisé et totalitaire de l’Empire, contre le modèle démocratique et décentralisé de la Rébellion. La Rébellion, quoique dirigée par une Princesse, représente l’idéal d’un univers multiforme, bigarré, où les planètes sont autant de peuples, tous également à leur place dans un vaste Parlement cosmique, où il n’existe ni barrière de langues, ni barrière de races. Démocratie universelle, dans la simple horizontalité de l’étalement cosmique, en phase avec le caractère immanent de la Force. Tous à égalité dans la Force, comme tous sont à égalité devant la Loi. Chacun à sa place dans l’univers, selon le principe immanent d’une collaboration organique, dans un relativisme culturel heureux. Tel serait l’idéal de la Rébellion.

L’Empire, au contraire, capte à lui la Force, pour enrégimenter l’univers et le mettre sous sa coupe. Le « côté obscur de la Force », c’est la puissance d’une organisation mécanique, uniformisante et centralisatrice – souvenir, dans l’imaginaire américain, de l’autorité de la Couronne britannique, perturbant le libre jeu des Etats américains, et prétendant, depuis l’autre côté du monde, faire centre. Souvenir, plus récent, de l’impérialisme nazi et de son mépris de l’humanité. Là où les rebelles se fondent en maquisards dans les éléments de la nature, les soldats de l’Empire sont des hommes-armures à tête de mort, dans un univers de machines.

L’Étoile Noire, à la fois planète et vaisseau, à la fois citadelle et gigantesque canon-laser, œil et phallus, trou noir et machine de guerre, est le symbole de cette concentration du pouvoir. Elle est aussi, en tant qu’arme, capable de détruire d’un coup une planète, l’instrument de son organisation dans l’espace. La lutte entre l’Empire et la Rébellion est une lutte autour du centre. Non pas pour établir l’autorité d’un centre contre un autre, mais pour détruire ou maintenir le principe même de la centralisation de l’autorité cosmique. Dans ce cadre interprétatif, la Rébellion se bat contre le géocentrisme de l’univers, pour affirmer la possibilité d’une heureuse anarchie cosmique, organisée sous l’effet spontanément harmonisant de la Force. L’Empire, au contraire, dévoie cette tendance spontanée et organique à l’auto-organisation, en créant une organisation artificielle et centralisée, « géo-centrée ». Que tout cela finisse dans une grande explosion et la projection de Darth Vader dans l’espace intersidéral, c’est la vision festive de la victoire de l’univers infini des modernes sur le monde clos des anciens. Luke « Skywalker » : celui-qui-marche-dans-le-ciel. Comme si, par l’explosion de l’Etoile noire, l’univers était enfin libéré de cette centralisation forcée, et rendu à son caractère ouvert.

III. Retrouver la Terre

Une lecture psychanalytique nous révèle cependant un caractère plus ambivalent – plus « obscur », si l’on ose dire – du géocentrisme. On se risquera aux quelques propositions suivantes. La lutte entre la Rébellion et l’Empire a pour enjeu la question du lien : l’Empire rompt le lien ; la Rébellion lutte pour le maintenir. C’est-à-dire que l’Empire représente la mauvaise autorité, celle de la machine, celle qui s’exerce d’en haut, de loin, de manière artificielle, sans lien réel avec ses sujets, sans légitimité en somme. Inversement, la Rébellion représente la bonne autorité, le consentement des sujets, la légitimité.

En miroir, ce lien est aussi le lien substantiel qui unit le père et le fils, Darth Vader et Luke, ainsi que le frère et sa sœur, Luke et Leia. C’est ce lien qui est rompu, et dont la saga Star Wars raconte la reliaison : le fils doit retrouver le père, le frère doit retrouver la sœur.

Il faut penser, là aussi, le bon lien et le mauvais lien. Le bon lien, c’est celui où chacun est à sa place, parce qu’il connaît sa place : le fils à juste distance du père (et non pas dans le parricide) ; le frère à juste distance de la sœur (et non pas dans l’inceste). La Force, en tant que puissance cosmique organisatrice, est, en principe, à l’origine du bon lien : un amour différencié, dans une structure cosmique où chacun est à sa juste place, en son « lieu propre » comme disait Aristote, dans une hiérarchisation spontanée des éléments de l’univers, et des membres de la famille. Le « côté obscur », en revanche, c’est le mauvais lien : c’est le mélange des genres et la mauvaise distance : c’est Darth Vader qui veut tuer Luke, sachant qu’il est son père ; c’est Luke qui embrasse la princesse Leia, ignorant qu’elle est sa sœur. Mais il y a encore bien d’autres figures de la confusion des genres : c’est l’Empereur comme figure de sorcière et, pour ainsi dire, de « mauvaise mère » ; c’est L’Étoile Noire à la fois anus et phallus ; ce sont les clones, dans leurs armures blanches indifférenciées ; c’est la machinisation de la nature dans les vaisseaux impériaux ; c’est la violence faite à la Force, pour la mettre au service des égoïsmes individuels.

Et la mère, dans tout cela ? Bien sûr, on saura plus tard ce qui venait avant, et que Luke avait bien une mère. Mais le fait est que, dans la première saga (épisodes IV, V, VI), Luke n’a pas de mère. Mais il n’en a pas besoin, car sa mère, on l’a bien compris, c’est la Force. La Force qui est la Mère universelle, baignant l’univers tout entier de son principe vital. La Force, violentée par Darth Vader, et donnant lieu à un fils sans la médiation d’une mère biologique. Etrange inversion par rapport à la figure du Christ, qui a une mère, mais pas de père terrestre – mais inversion qui se comprendrait très bien au regard d’une ligne directrice récurrente de la science-fiction, celle de la parthénogénèse masculine, court-circuitant le corps féminin (mais ce serait un autre article).

L’histoire de Star Wars, ce serait ainsi l’histoire de la violence faite à la Force. La violence faite à la mère, pour engendrer une pure lignée d’hommes : l’Empereur, Darth Vader, Luke, les clones. Et Yoda et Ben Kenobi, les chevaliers Jedi, à leur manière, n’échappent pas à cette malédiction, ils en sont les complices. C’est peut-être pour cela qu’ils doivent le payer de leurs vies : eux aussi participent au rêve d’une caste masculine, et doivent s’effacer pour que le féminin – la princesse – soit libérée et retrouve sa place dans l’univers.

Pour relier le niveau psychanalytique et le niveau cosmologique, notre hypothèse serait la suivante : cette violence faite à la mère, c’est, précisément, la dispersion spatiale de la Terre. Ici, la dispersion des astres dans l’univers, le passage « du monde clos à l’univers infini », pour reprendre l’expression d’Alexandre Koyré, est moins festive qu’au paragraphe précédent, lors de l’explosion de l’Étoile noire. On sent, au contraire, l’inquiétude de la perte du monde géocentré. La dissémination de la Terre-mère est représentée dans le film par le drame de l’explosion de la planète Alderaan, dispersée dans l’espace par le canon de l’Étoile Noire. Les deux explosions, celle d’Alderaan, puis celle, vengeresse, de l’Étoile noire, sont les pendants l’une de l’autre. Cette dispersion d’Alderaan dans un espace indifférencié, que nous interprétons ici comme le symbole de la dispersion de la Terre dans un espace infini, nécessite une refondation.

On peut dire que deux scénarios de refondation s’opposent alors – comme deux manières antagonistes de repenser, ou de compenser, le géocentrisme perdu. D’un côté la refondation strictement masculine, celle de l’Empire, qui cherche à tuer la Princesse, et à reconstituer le corps dispersé sous la forme phallique de l’Etoile Noire, comme une anti-Terre, une nouvelle Terre, masculine et pure machine.

De l’autre côté, la Rébellion serait féminine : elle passe par le fils illégitime Luke Skywalker, mais aussi par Leia, et, dans les films plus récents, par l’héroïne Rey. Il s’agit, là aussi, de reconstituer le corps perdu de la Terre-mère, non pas sous la forme de la reconstruction d’une planète-centre artificielle, mais par l’harmonie avec le principe immanent d’organisation, à échelle cosmique : la Force. La Force est ainsi la transfiguration de la Terre, mais à la nouvelle échelle, qui est celle de l’univers infini, désormais saisi de manière immanente par la puissance maternelle. Géocentrisme paradoxal, où le centre est partout, c’est-à-dire en chaque être.

Si la saga raconte, en apparence, la reconquête du bon lien, pour restaurer le lien de filiation et poser une barrière entre le frère et la sœur, on entend cependant que son motif secret reste celui d’une fusion cosmique du fils avec le corps de la mère. Satisfaction œdipienne régressive inconsciente qui est sans doute une des clés de son immense succès.

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