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L’affaire Séralini (1/2)

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L’affaire Séralini et la confiance dans l’ordre normatif dominant de la science

Florence Piron, Université Laval et Thibaut Varin, Université Laval

cet article est sous licence CC BY SA

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D’où vient la confiance dans la science ? Comment est-elle nourrie et renforcée? Dans un contexte où, au prétexte de la crise des finances publiques, les politiques scientifiques nationales semblent privilégier la voie du financement de la science par des partenariats avec le secteur privé, notamment la grande industrie[1], la confiance dans la science reste un argument majeur pour justifier le maintien ou même le renforcement du soutien de l’État à la recherche scientifique. L’enjeu de la confiance dans la science apparaît ainsi fondamentalement politique et non pas seulement éthique : une science inspirant confiance aux citoyens/contribuables pourra justifier son financement par les fonds publics, par la richesse collective.

Comme le rappelle Annette Baier[2], faire confiance consiste à déléguer à autrui un certain pouvoir malgré une légère incertitude quant aux résultats; c’est « se placer dans un état de dépendance, ou prolonger un état de dépendance, à l’égard de la compétence et de la bonne volonté » d’autrui, c’est « croire en la parole d’autrui et espérer que les pouvoirs supérieurs ne seront pas exercés à notre détriment ». Cette conception de la confiance va donc de pair avec la délégation à autrui du droit légitime de procéder à certaines actions puisqu’elle consiste à « transmettre des pouvoirs discrétionnaires au dépositaire de cette confiance »[3], dans l’espoir qu’il en sortira quelque chose de bon, de bien. Luhmann (cité par Baier p. 287) affirme que « la confiance réduit la complexité en libérant la personne qui fait confiance des décisions pratiques ponctuelles. Faire confiance, c’est risquer certains aspects de son avenir en pariant sur la loyauté de la personne à laquelle on fait confiance ». Pour une société, faire confiance à la science, ce serait donc faire confiance aux scientifiques, les auteurs de la science, en leur déléguant le pouvoir collectif de la connaissance (ce qui fait d’eux des « experts »), tout en espérant que cette délégation produira des effets positifs pour la société. En termes normatifs, on dira que les citoyens voudront soutenir une science manifestement dotée de certaines qualités qui la rendent « bonne » pour la société. Quelle est cette « bonne » science? Quelles sont ses qualités nécessaires? Qui la définit et qui garantit ce statut? Quel cadre normatif les sous-tend? Par exemple, est-ce la « moralité » ou la compétence des chercheurs qui la définit le mieux et qui serait le plus susceptible d’inspirer confiance? Des menaces pèsent-elles sur cette confiance dans le monde actuel?

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Inspirés par l’éthos critique de Michel Foucault[4] à qui nous dédions cet article, nous proposons, pour éclaircir ces questions, un détour par une enquête sur les discours et les actions entourant un événement singulier récent; comme nous le montrerons, ces discours et actions nous semblent très bien mettre au jour la manière dont la confiance dans la science est problématisée dans le monde actuel. Cet événement, l’objet de notre enquête, est ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’« affaire Séralini », c’est-à-dire le débat dans l’espace public suscité par la publication en septembre 2012, par l’équipe du biologiste français Gilles-Éric Séralini, d’une étude sur les effets de deux produits de la multinationale Monsanto, un organisme génétiquement modifié (OGM) et un pesticide, sur la santé de rats[5]. Mettant en cause l’innocuité de ces produits, cette étude a été à la fois vivement critiquée pour sa méthodologie, ses conclusions, le militantisme de son auteur principal et son utilisation des médias, et défendue par d’autres chercheurs, journalistes et militants.

Commençons par gagner la confiance de nos lecteurs en clarifiant qui nous sommes et d’où nous parlons. Florence Piron est anthropologue, professeure d’éthique dans une université et fait des recherches sur les enjeux éthiques et politiques des sciences, ainsi que sur la démocratie participative. Elle n’a jamais pris de position particulière sur les OGM, mais s’est opposée politiquement, par le biais de l’Association science et bien commun[6] qu’elle préside, à l’économie du savoir réduite à sa version néolibérale qui valorise les partenariats entre la science publique et la grande industrie, y voyant une incitation concrète à la corruption, au sens littéral, des chercheurs. Son idéal n’est pourtant pas le retour à la tour d’ivoire fantasmée par certains critiques de cette marchandisation de la science. Elle milite plutôt pour une science ouverte, qui se sait d’emblée politique, ancrée dans la cité, au cœur du débat public. Avant de savoir qu’elle ferait le présent article, elle a co-signé la lettre ouverte publiée par Independent Science News intitulée « Science and Seralini »[7] le 2 octobre 2012 et reste d’accord avec ce qui y est dit.

Thibaut Varin est biologiste, spécialiste en génomique et soucieux de l’environnement en général. Selon lui, les OGM posent un certain nombre de problèmes complexes qui sont largement sous-évalués par les firmes qui les produisent, mais aussi par les différentes agences sanitaires américaines, européennes ou françaises. Tout en admettant que la transgénèse (introduction de gènes d’intérêts dans un organisme hôte qui devient alors par définition un OGM) possède certains avantages, il estime que, si la toxicité des OGM n’est pas prouvée scientifiquement, y compris par l’étude de Séralini, l’innocuité associée à leur consommation par l’humain ne l’est pas non plus, et que la présence de conflits d’intérêts à tous les niveaux (firmes de biotechnologies, autorités sanitaires, conseils scientifiques) vient fortement perturber la transparence des débats scientifiques. Par conséquent, il pense que le principe de précaution devrait prévaloir dans l’état actuel des connaissances.

Dans cet article, nous ne nous prononçons ni sur les OGM ni sur la qualité du travail de l’équipe de Séralini, même si ce dernier point apparaitra comme un enjeu crucial du débat. Nous travaillons sur les références aux cadres normatifs de la science qui transparaissent dans les commentaires et réponses suscités par l’article de Séralini et son équipe, surtout en France, mais aussi ailleurs dans le monde, qu’ils proviennent de chercheurs, des autorités publiques, de journalistes spécialisés ou du grand public. Au-delà de nos positions personnelles dans le débat, nous avons été impressionnés et même alertés par le ton exceptionnellement virulent de plusieurs réactions à l’article qui n’hésitent pas à condamner G.-É. Séralini pour « attaque » contre la science en général, que ce soit sur des blogs[8] ou dans des articles scientifiques, comme celui de Arjo et ses collègues[9] qui estiment que cet article « has caused damage to the credibility of science and researchers in the field ». Nous avons voulu comprendre ce que ce chercheur avait bien pu faire pour susciter tant de colère, sur quel point sensible de la « confiance en la science » il avait appuyé au point de réussir à faire croire à d’éminents chercheurs et journalistes que cette confiance sortirait menacée d’une étude qui visait pourtant à mettre au jour des risques pour la santé publique. Il nous semblait possible et intéressant d’essayer d’en faire ressortir en creux des éléments de réflexion sur la situation actuelle de la confiance dans la science.

Pour mener ce travail qui s’inscrit dans une démarche d’épistémologie sociale et politique, nous avons adopté une méthode qualitative d’analyse d’une cinquantaine de textes de toutes origines archivés publiquement dans la page web Scoop.it Affaire Séralini[10]. Ces textes scientifiques, journalistiques ou politiques ont en commun d’exprimer une position sur l’article de 2012 et ses suites; ils incluent les textes des pétitions et ceux liés à la dépublication de l’article, critiquent, défendent et décrivent le travail accompli par Séralini et les autres protagoniste du débat. Nous avons analysé leurs arguments, souvent répétitifs d’un texte à l’autre, mais aussi leur ton et leur vocabulaire. Nous avons également fait une brève entrevue avec G-É Séralini à l’issue d’une de ses conférences au Québec en février 2013.

L’affaire Séralini : récit

Le 19 septembre 2012, le biologiste français G.-E. Séralini a rendu publique une étude mettant en doute l’innocuité du maïs génétiquement modifié NK 603[11] et du Roundup, deux produits de la multinationale Monsanto, en montrant leur impact négatif sur la santé de 200 rats de laboratoire qui les ont consommés pendant deux ans.

Gilles-Éric Séralini a obtenu son doctorat en biochimie et biologie moléculaire à l’université de Montpellier-II en 1987. Pendant les quatre années suivantes, il fut chercheur invité en biologie moléculaire dans différents laboratoires de l’université Western Ontario (London, ON, Canada) et de l’université Laval (Québec, QC, Canada)[12]. Puis en 1991, à 30 ans, il devint professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen[13] puis chercheur à l’Institut de biologie fondamentale et appliquée (IBFA) de l’Université de Caen où il s’intéressa à la relation entre le système hormonal des mammifères et les cancers; il étudie plus particulièrement les perturbations hormonales provoquées par les pesticides, notamment celles qui pourraient être associées aux OGM, ainsi que les effets de différents polluants sur la santé. Il est devenu codirecteur du pôle « Risques, qualité et environnement durable » (MRSH-CNRS) et président du conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendante sur le Génie Génétique), organisme qu’il a créé en 1999 avec Corinne Lepage et Jean-Marie Pelt. Gilles-Éric Séralini a été expert pendant neuf années pour le gouvernement français en matière d’évaluation des OGM. Il l’est toujours pour l’Inde et le Canada et pour des organisations internationales[14]. Il est jusqu’à présent l’auteur de plus de 150 communications internationales (colloques, et publications dans des revues à comité de lecture), en plus de ses publications au niveau national[15]. Il a été nommé chevalier de l’ordre national du Mérite en 2008, sur proposition du ministère de l’Écologie pour l’ensemble de sa carrière en biologie[16].

L’étude publiée en septembre 2012 a consisté à suivre les effets sur la santé de 200 rats d’une diète de deux ans soit à base de maïs génétiquement modifié tolérant à l’herbicide Roundup, cultivé avec ou sans cet herbicide, soit d’une diète incluant de l’eau contenant de faibles doses de Roundup. Les résultats montrent deux à trois fois plus de mortalité, et une mortalité plus rapide, chez tous les groupes femelles traités par rapport à celles des groupes contrôles, alors que chez les mâles, cette même différence est observée chez trois des neuf groupes traités. Les femelles traitées ont développé d’importantes tumeurs mammaires plus tôt et plus souvent dans la majorité des cas que celles des groupes contrôles. Il a été noté que la balance des hormones sexuelles a été modifiée chez les groupes femelles traités avec l’OGM étudié et le Roundup. Concernant les mâles traités, les congestions et nécroses hépatiques sont 2,5 à 5,5 fois plus fréquentes, alors que de sévères néphropathies rénales sont 1,3 à 2,3 fois plus présentes qu’au niveau des groupes contrôles. Jusqu’à quatre fois plus de grosses tumeurs palpables ont été observées chez les mâles traités que chez les groupes contrôles, et ceci jusqu’à six cents jours plus tôt. Les auteurs en concluent que ces résultats peuvent être expliqués par l’effet perturbateur non-linéaire au niveau des hormones endocrines causé par l’herbicide Roundup, mais aussi par la surexpression du transgène correspondant à l’OGM étudié et ses conséquences métaboliques.

Le CRIIGEN, une association qui milite pour une meilleure évaluation des biotechnologies, est à l’initiative de cette recherche pour laquelle il a trouvé un financement de plus de trois millions d’euros[17]. Le financement a été assuré essentiellement par le CERES, qui rassemble des entreprises de la grande distribution alimentaire française[18], par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme (FPH) qui promeut depuis vingt ans le développement d’une démocratie technique dans la perspective d’un développement responsable[19], et pour une petite part, par le Ministère de la Recherche français (100.000 euros).

Cette étude a pris non seulement la forme d’un article scientifique[20], publié dans une revue spécialisée bien cotée (Food and Chemical Toxicology) le 19 septembre 2012 à 15 h après un processus normal d’évaluation par les pairs, mais aussi celle d’un livre grand public en français et d’un film réalisé par Jean-Paul Jaud, tous deux intitulés Tous cobayes! et lancés le 26 septembre 2012[21]. Séralini et son équipe ont également fait le choix de médiatiser immédiatement leur étude avec l’unique collaboration d’un média hebdomadaire (Le Nouvel Observateur) qui avait eu un accès privilégié à l’étude sous embargo et qui en fit la une de son numéro du 20 septembre 2012[22]. D’autres quotidiens comme Le Monde avaient eu accès à l’étude.

La quadruple apparition publique de ce travail scientifique (média, article, livre et film) en une semaine a entrainé un débat public important, tant dans le milieu scientifique que dans l’espace public, où sont intervenus journalistes, chercheurs, acteurs politiques et militants.

Au delà de la reprise de cette nouvelle dans de nombreux médias, les réactions critiques sont venues très rapidement. Une des plus rapides fut celle du site intitulé Science Media Center : dès le 19 septembre 2012, soit le jour même de la publication de l’article, ce site proposait une page Web[23] comportant une évaluation statistique de l’article et une série d’opinions très critiques d’experts en biotechnologie, disponibles pour les médias; l’article du New York Times sur l’étude Séralini, paru en ligne le 19 septembre, a d’ailleurs utilisé une de ces « opinions » en citant le professeur Spiegelhalter, critique du faible nombre de rats testés[24]. À noter que cette « agence de presse » est connue pour être principalement financée par l’industrie, notamment par Bayer et Monsanto[25].

Des chercheurs se sont exprimés tout aussi rapidement – avec une réactivité bien plus élevée que celle qui est la norme en recherche scientifique. Ainsi, dans un article du Monde paru le 20 septembre[26], Gérard Pascal, ancien toxicologue spécialiste des OGM à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), devenu consultant pour l’industrie agroalimentaire, s’est empressé de pointer les faiblesses de l’étude, en mentionnant son manque de rigueur statistique, mais aussi un manque de données chiffrées sur la fréquence des pathologies observées et sur certaines analyses biochimiques; il a également affirmé le 20 septembre au quotidien Le Figaro que cette étude ne « vaut pas un clou »[27]. Au niveau international, plusieurs experts en biologie basés en Australie[28] ou en Angleterre[29], ou encore aux États-Unis[30], ont déclaré aux médias leur scepticisme face à l’étude de Séralini, la plupart insistant eux aussi sur la faiblesse des statistiques, sur la souche de rat choisie et sur le manque de données fournies par l’article.

Le 4 octobre 2012, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un avis estimant que le texte était de « qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide »[31]. Les principaux problèmes résidaient dans le nombre de rats testés (trop petit), la souche de rats (pas fiable) et la durée de l’étude (beaucoup plus longue que les autres études sur le NK603); ces problèmes ont été également cités par plusieurs autres commentaires critiques, par exemple celui de Bernard Meunier dans Le Figaro[32]. Cet avis fut confirmé dans le rapport final du même organisme publié le 28 novembre 2012[33]. Un journaliste (un peu trop pressé?) estima alors que ce rapport venait « d’enterrer définitivement le sujet » et qu’ « aucune nouvelle évaluation sur la toxicité du mais OGM NK603 ne sera donc réalisée » [34].

Certes, le Haut conseil des biotechnologies et l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rejetèrent[35] les conclusions de l’article qui fut débattu à l’Assemblée nationale le 19 novembre 2012. Mais malgré ce rejet, ils recommandèrent d’engager des travaux supplémentaires sur la question des OGM, l’ANSES reconnaissant que « pour plus de la moitié des OGM étudiés, les données fournies par l’industriel ne sont pas suffisantes pour conclure sur la sécurité sanitaire liée à la consommation de l’OGM » et qu’il fallait « mobiliser des financements publics nationaux ou européens dédiés à la réalisation d’études et de recherches d’envergure visant à consolider les connaissances sur les risques sanitaires insuffisamment documentés ». Le gouvernement français et la Commission européenne, après avoir bloqué le processus d’autorisation des OGM en janvier 2013, ont alors lancé un appel d’offres dans les mois suivants[36] afin de renforcer les études sur les effets à long terme de la consommation des OGM et des pesticides, avec un budget total de 5 millions d’euros.

Le Haut Conseil des Biotechnologies a basé son rejet de l’étude sur une analyse réalisée par le mathématicien Marc Lavielle (Université Paris-Sud). Dans sa contre-expertise[37] publiée le 22 octobre 2012, Lavielle montre qu’il est impossible de démontrer statistiquement, à partir des données mentionnées dans l’étude de Séralini, des liens de cause à effet entre les OGM et/ou le Roundup et le développement de tumeurs. Dans sa réplique de 2013[38], Séralini a répondu en admettant qu’il n’était effectivement pas possible d’obtenir une puissance statistique valable avec 20 groupes de dix rats et que c’était pour cette raison qu’il avait fait porter les tests statistiques sur les paramètres biochimiques. Il rappela aussi que Marc Lavielle avait participé à la validation des études pilotées par Monsanto qui manifestaient une puissance statistique encore plus faible.

Revenons en septembre 2012, alors que le journaliste américain Keith Kloor[39] n’hésitait pas à rassurer ses lecteurs en affirmant qu’ils ne développeraient pas de cancer en mangeant des OGM et que les opposants aux OGM étaient la plupart du temps des sceptiques appartenant à des mouvements politiques de gauche. Rappelons que l’affaire Séralini a éclaté alors qu’un grand débat sur l’étiquetage obligatoire des OGM en Californie battait son plein[40].

Très rapidement aussi, soit le 19 octobre 2012, apparut sur le Web une déclaration anonyme émanant de six académies scientifiques françaises (agriculture, médecine, pharmacie, sciences, technologies et vétérinaire) qui condamnait la qualité de l’article de Séralini et s’inquiétait des conséquences de cette affaire sur la société et sa confiance dans la science : « l’orchestration de la notoriété d’un scientifique ou d’une équipe constitue une faute grave lorsqu’elle concourt à répandre auprès du grand public des peurs ne reposant sur aucune conclusion établie »[41]. Cette déclaration a été reprise dans de nombreux médias français[42] mais aussi américains[43], dans les semaines suivantes. Elle a suscité en réponse une autre lettre ouverte[44], cette fois signée par 140 chercheurs, qui désavoue la prétention de la déclaration anonyme à représenter la position de « la science » sur l’étude de Séralini puisque cette déclaration aurait en fait été rédigée par une douzaine de personnes sans aucune discussion au sein des six académies en question. Cette deuxième lettre ouverte souligne aussi, comme tous les textes qui soutiennent le travail de Séralini, que ce dernier n’avait fait qu’utiliser un protocole recommandé par l’OCDE, plus long que celui utilisé par les études ayant conduit à l’autorisation du NK603.

Une autre lettre ouverte, cette fois émanant du monde anglophone et signée par une centaine de chercheurs, a été publiée le 2 octobre 2012 en réponse aux premières critiques contre l’étude de Séralini, et dénonçait « les difficultés fondamentales qui se posent à la science dans un monde de plus en plus dominé par l’influence des grandes sociétés »[45]. Le 19 octobre 2012, le CRIIGEN a publié un communiqué faisant état d’une liste d’environ 190 noms de scientifiques de 33 pays apportant leur soutien à l’étude. Même si une minorité d’entre eux appuient la méthodologie de l’étude visant à démontrer la toxicité du NK603, tous s’accordent pour dire que la non toxicité des OGM n’est pas prouvée et que les méthodes d’autorisation de mise sur le marché doivent être changées[46]. C’est d’ailleurs la position de David Demortain[47] qui suggère une refonte complète des normes de toxicologie alimentaire.

En janvier 2013, des accusations de conflits d’intérêts (avec les entreprises de produits biologiques) et de rapports étroits entre le CRIIGEN et une secte ont été rapportées dans les médias[48], mais ont trouvé peu d’échos dans les commentaires critiques qui ont continué de se concentrer sur les problèmes méthodologiques de l’étude.

Les détracteurs de l’étude ont écrit en masse à la revue Food and Chemical Toxicology qui avait publié l’article en septembre 2012. L’équipe de Séralini a alors été invitée à publier dans la même revue une réponse à ces critiques, ce qu’elle fit en mars 2013[49]. Cette réponse explique que la méthode utilisée était conforme aux recommandations de l’OCDE, alors que ce n’était pas le cas d’études dont les résultats tendaient à prouver l’innocuité des OGM, comme celle de Hammond et al. (2004)[50], appuyée par Monsanto, qui a contribué à l’autorisation de mise sur le marché d’un maïs tolérant au glyphosate (Roundup). La réponse explique aussi que, pour certains paramètres, notamment la durée, l’étude de l’équipe Séralini était plus exigeante que les critères recommandés par l’OCDE. Lors de notre rencontre, Gilles-Éric Séralini a indiqué qu’il connaissait bien les limites de son étude et qu’il aurait souhaité faire la même étude sur 30 ou 40 rats par groupes, mais cela n’avait tout simplement pas été possible financièrement. Son étude reste donc selon lui la plus exhaustive (en termes de taille d’échantillon, de paramètres mesurés, et de durée) à l’heure actuelle.

En novembre 2013, et à la surprise de nombreux observateurs, le rédacteur en chef de la revue Food and Chemical Toxicology, Wallace Hayes, décida de dépublier[51] l’article de l’équipe Séralini malgré le refus des auteurs de rétracter leur article et tout en reconnaissant qu’il n’y avait eu ni fraude ni erreur de calcul. Hayes invoqua pour se justifier le caractère non concluant des résultats : « unequivocally, the Editor-in-Chief found no evidence of fraud or intentional misrepresentation of the data […] The retraction is only on the inconclusiveness of this one paper », indique le texte[52] qui a pris la place de l’article depuis le 29 novembre 2013. Gilles-Éric Séralini et Corinne Lepage ont rapidement contesté cette rétraction, que nous appellerons plutôt « dépublication » pour rappeler le désaccord des auteurs, lors d’une conférence de presse à Bruxelles[53], en dénonçant la prise de pouvoir de l’industrie sur la science et la difficulté de faire de la recherche indépendante sur les OGM[54]. Faut-il faire un lien entre cette dépublication et l’arrivée de Richard Goodman, ancien chercheur employé par Monsanto (1997-2004) au comité de rédaction de la revue au début 2013[55]? Ce comité de rédaction comportait déjà plusieurs chercheurs financés par l’industrie, comme le remarque un journaliste du Monde[56].

La dépublication suscita rapidement deux lettres ouvertes de protestation : celle du site End Science Censorship, signée par 182 chercheurs à ce jour[57], ainsi que celle de l’Institute on Science In society, adressée au rédacteur en chef de Food and Chemical Toxicology qui a été signée en date du 22 juin 2014 par 1360 chercheurs et 3974 non chercheurs[58]. Ces deux lettres, tout comme plusieurs lettres individuelles[59] envoyées à Wallace Hayes, estiment que la dépublication a été abusive et nuit à l’intégrité future du processus de publication scientifique.

Par la suite, la revue dut accepter que Séralini et son équipe répliquent à cette dépublication, ce qui a été fait le 18 avril 2014[60]; la réplique mentionne, entre autres, que deux autres études utilisant la même méthodologie n’avaient pas été dépubliées, suscitant la réaction violente d’un des auteurs ainsi évoqués[61].

Non découragée par cette bataille scientifique et médiatique, l’équipe de Séralini a publié en février 2014 une autre étude portant sur la toxicité de 9 pesticides (incluant notamment le Round-up, pesticide fabriqué par Monsanto et de loin le plus utilisé dans le monde). Cet article publié dans Biomed Research International[62] affirme que 8 des 9 neufs formulations testées (et dont la composition complète est tenue secrète par leur fabriquant) étaient 1000 fois plus toxiques que leur principe actif respectif. Il a été scruté à la loupe, entrainant une fois de plus des critiques méthodologiques, mais aussi un intérêt réel. Parmi les critiques, le biologiste allemand Marc Reski démissionna avec fracas du comité éditorial de la revue Biomed Research International après avoir appris qu’elle allait publier « du Séralini »[63].

La plus récente étape de cette affaire, en date de la rédaction de cet article, est la protestation du CRIIGEN contre le devis de recherche qui sera finalement adopté par la Commission européenne pour répliquer son étude et repenser les critères d’autorisation des OGM. Dans un communiqué émis le 28 mai 2014[64], le CRIIGEN estime que « le projet d’étude sur les risques toxicologiques des OGM (RiskOGM) tourne à l’imposture scientifique et au gaspillage d’argent public », indiquant que Monsanto dont les produits seront étudiés par ce projet « a été invité à participer à l’instance de dialogue créée pour cette étude », devenant encore une fois juge et partie.

La confiance dans l’ordre normatif dominant de la science

La résilience et la productivité du CRIIGEN, les conflits d’intérêts de plus en plus visibles de certains chercheurs qui le critiquent et les appuis persistants dont bénéficie la démarche de Séralini malgré le concert des critiques méthodologiques, de même que son impact important sur la mise en débat du processus d’évaluation des OGM en Europe, montrent bien que Séralini n’est pas l’hurluberlu incompétent, à la méthodologie défaillante, que certains critiques, chercheurs ou journalistes, ont voulu dépeindre. Mais il est clair qu’il affole, qu’il inquiète, qu’il enrage ou qu’il passionne l’establishment scientifique d’une manière tout à fait disproportionnée par rapport aux débats scientifiques provoqués habituellement par des articles à la méthodologie lacunaire – pensons aux nombreuses lettres ouvertes qu’il a provoquées dans un milieu où ce n’est pas un geste banal…

Ce n’est évidemment pas la première fois qu’un article scientifique, même après avoir été évalué à l’aveugle par des pairs (« peer-reviewed »), est critiqué pour une méthodologie défaillante ou pour des conclusions exagérées par rapport aux résultats obtenus. Selon le cadre normatif dominant de la science, qui indique entre autres les démarches à suivre pour faire de la « bonne science », la façon habituelle de procéder dans un tel cas consiste pour des chercheurs soit à tout simplement ignorer et ne pas citer l’article, soit à publier un article en réponse, démontrant ses failles et proposant un meilleur protocole. Les réactions virulentes, positives et négatives, suscitées par ce texte dans l’espace public, qui ont mis en scène de nombreux acteurs, institutions scientifiques et autorités réglementaires et parlementaires, ne peuvent donc pas s’expliquer seulement par une faiblesse méthodologique ou des résultats non concluants. De tels défauts techniques, très fréquents au sein de la multitude de textes publiés en science, n’expliquent certainement pas la violence de plusieurs commentaires, comme celui du biologiste du CNRS Marcel Kuntz pour qui l’étude de Séralini est un « poison » toxique pour la science[65].

Nous proposons plutôt de traiter l’affaire Séralini comme un « fait social total » où se révèle ce qui est actuellement en tension dans le cadre normatif dominant de l’institution scientifique contemporaine, ce qui inclut la source de la « confiance » dans la science. Ici, le terme « institution scientifique » regroupe l’ensemble des savoirs validés comme scientifiques (dans toutes les disciplines), les démarches, elles aussi validées, de production de connaissance, le groupe social formé par les « chercheurs » et l’ensemble des établissements de recherche, des politiques scientifiques, des partenaires financiers et des autres acteurs et actants qui participent au processus de production du savoir scientifique. En utilisant l’adjectif « normatif » pour décrire les conventions textuelles et pratiques exigées par l’institution scientifique pour donner légitimement à un savoir le statut de savoir scientifique, nous nous situons évidemment dans une perspective d’épistémologie sociale et politique[66] et d’anthropologie des sciences dont l’enjeu est la compréhension des « jeux de véridiction »[67] et des rapports de pouvoir qui permettent ou non à un savoir de se constituer comme vrai dans un contexte social, politique et éthique précis.

Écoutons Cédric Villani, mathématicien français d’une grande notoriété (mais non spécialiste des OGM), qui déclarait ce qui suit le 19 novembre 2012 devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (France) à propos de l’article de Séralini et son équipe: « En tant que citoyen je pense qu’il y a un laxisme inacceptable des gouvernements des pays développés concernant l’usage des OGM. (…) Avec une telle prédisposition, je ne cacherai pas que j’étais plutôt agréablement surpris quand j’ai entendu parler des résultats de l’équipe Séralini. Je me suis senti d’autant plus déçu, pour ne pas dire trahi, quand j’ai pris conscience, après lecture et discussions avec des experts, à quel point cette annonce impliquait ce qui me semble être – je le dis sans animosité – des brèches graves de déontologie scientifique, avec trois conséquences inacceptables : un effilochage des liens de confiance entre les scientifiques et la société ; la fragilisation du lien de confiance entre les scientifiques eux-mêmes ; et accessoirement le risque, par effet boomerang, de desservir la cause pour laquelle les auteurs de l’étude luttent »[68] (notre soulignement).

Nous proposons d’interpréter cette remarque puissante, à laquelle font écho plusieurs autres commentaires moins nuancés, de la manière suivante : Séralini et son équipe ont estimé à tort pouvoir produire de la science, et même de la bonne science, sans respecter plusieurs des conventions de base que les « vrais » chercheurs, les professionnels, ceux qui peuvent ensuite revendiquer à juste droit le respect et la confiance du public, doivent respecter. Ces conventions constituent ce que Villani appelle la « déontologie scientifique », mais que nous appelons plutôt ici le cadre normatif dominant de l’institution scientifique[69] car il déborde des questions déontologiques classiques de fraude, plagiat, etc. Autrement dit, il y a un « jeu » que Séralini n’a pas joué et qui est pourtant considéré par consensus au sein de la communauté scientifique comme essentiel à la confiance du public et des chercheurs eux-mêmes dans la science; un jeu qui, au delà des débats méthodologiques, garantit la possible scientificité des textes produits et justifie la confiance de la société dans le travail des scientifiques. Ce serait donc son manque de loyauté envers ce cadre normatif qui ferait de Séralini le délinquant et même le danger pour la science qui inspira tant de réactions passionnées chez ses commentateurs critiques. Inversement, c’est peut-être son audace à aller à l’encontre de ce cadre normatif qui suscita et suscite encore autant de soutien à son endroit. Pour tester cette interprétation, commençons par tracer les contours de ce cadre normatif.


[1] Selon le modèle de l’économie fondée sur les connaissances proposé par l’OCDE dans son rapport du même nom publié en 1996.

[2] Annette Baier, « Confiance », Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, dirigé par Monique Canto, 1996, PUF, pp. 283-288.

[3] Annette Baier, « Confiance », Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, pp. 284.

[4] Michel Foucault, « Qu’est-ce que les Lumières? », Dits et écrits tome IV, 1984, texte n. 339. Gallimard.

[5] Gilles-Eric Séralini, Emilie Clair, Robin Mesnage, Steeve Gress, Nicolas Defarge, Manuela Malatesta, Didier Hennequin, Joël Spiroux de Vendômois. 2012. « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize », Food and Chemical Toxicology 50(11): 4221-4231. Cet article était accessible à l’adresse http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2012.08.005. Dépublié en novembre 2013, il est désormais accessible sur le site gmoseralini.org.

[6] Le site de l’Association : http://scienceetbiencommun.org.

[7] http://www.independentsciencenews.org/health/seralini-and-science-nk603-rat-study-roundup/, 2 octobre 2012.

[8] Par exemple, voici comment le médecin Guy Vallencien parle dans son blogue d’une nouvelle publication de Séralini en 2014 : « Gilles Eric Séralini a encore sévi. La presse s’est empressée de publier son communiqué, reproduit en copié-collé sans chercher un instant à en analyser la méthodologie ni attendre la vérification des résultats avant d’en tirer des conclusions honnêtes. Voilà une attitude extrêmement grave, dérive qui frôle la manipulation, oserais-je dire le délit? Le Séranilisme ou l’alchimie du malheur est né. » http://sante2020.blog.lemonde.fr/2014/03/04/une-nouvelle-science-obscure-le-seranilisme-2/.

[9] Arjo G, Portero M, Pinol C, Vinas J, Matias-Guiu X, Capell T, Bartholomaeus A, Parrott W, Christou P, 2013, « Plurality of opinion, scientific discourse and pseudoscience: an in depth analysis of the Seralini et al. study claiming that Roundup Ready corn or the herbicide Roundup cause cancer in rats ».

Transgenic Research, 22:255-267.

[10] http://www.scoop.it/t/affaire-seralini

[11] La culture de ce maïs n’est pas autorisée en Europe, mais il y est importé (par exemple du Canada) et est utilisé comme nourriture pour les animaux.

[12] Gilles-Eric Séralini, ecolopedia.fr

[13] Hervé Kempf, « OGM : Gilles-Éric Séralini, un scientifique engagé et critiqué », sur lemonde.fr, 20 septembre 2012.

[14] Ces OGM qui changent le monde, Gilles-Eric Séralini, Flammarion, 2010.

[15] Biographie de Gilles-Eric Séralini, criigen.org.

[16] JORF n°0026 du 31 janvier 2008, page 1853, texte n° 14, « décret du 30 janvier 2008 portant promotion et nomination ».

[17] « Un maïs OGM de Monsanto soupçonné de toxicité », lemonde.fr, 19 septembre 2012

[18] OGM : quand la grande distribution finance une étude choc, tempsreel.nouvelobs.com, 19 septembre 2012

[19] Page Web de la Fondation Charles Léopold Mayer concernant l’aide au financement de l’étude Séralini : http://www.fph.ch/article135.html?lang=fr

[20] Gilles-Eric Séralini, Emilie Clair, Robin Mesnage, Steeve Gress, Nicolas Defarge, Manuela Malatesta, Didier Hennequin, Joël Spiroux de Vendômois. 2012. « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize », Food and Chemical Toxicology 50(11): 4221-4231. Cet article était accessible à l’adresse http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2012.08.005. Dépublié en novembre 2013, il est désormais accessible sur le site gmoseralini.org.

[21] Tous cobayes!, 2012, éditions Flammarion. Corinne Lepage a publié la même semaine son livre La vérité sur les OGM, c’est notre affaire !.
[22] Guillaume Malaurie, 20 septembre 2012, « EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons ! » http://tempsreel.nouvelobs.com/ogm-le-scandale/20120918.OBS2686/exclusif-oui-les-ogm-sont-des-poisons.html
[23] « Expert reaction to GM maize and tumours in rats », 19 septembre 2012, http://www.sciencemediacentre.org/expert-reaction-to-gm-maize-causing-tumours-in-rats/

[24] Foes of Modified Corn Find Support in a Study : http://www.nytimes.com/2012/09/20/business/energy-environment/disputed-study-links-modified-corn-to-greater-health-risks.html. À noter que l’autre expert interrogé, Bruce Chassy, est un militant pro-OGM, comme le montre cet article : http://gmwatch.org/index.php/news/archive/2013/14998-zero-tolerance-for-a-different-perspective-on-gmos.

[25] http://www.sciencemediacentre.org/about-us/funding/

[26] Gérard Pascal, « OGM : « Le protocole d’étude de M. Séralini présente des lacunes rédhibitoires », lemonde.fr, 20 septembre 2012.

[27] http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/09/20/19097-letude-sur-ogm-fortement-contestee

[28] Ben Hirschler et Kate Kelland « Study On Monsanto Genetically Modified Corn Draws Skepticism », huffingtonpost.com, 19 septembre 2012

[29] John Entine, « Scientists Savage Study Purportedly Showing Health Dangers of Monsanto’s Genetically Modified Corn », forbes.com, 20 septembre 2012.

[30] Tom Philpott, « Does GMO corn really cause tumors in rats? », motherjones.com, 21 septembre 2012.

[31] Jean-Sébastien Lefebvre, 2012, « OGM : l’autorité européenne juge la qualité de l’étude « insuffisante », http://www.euractiv.fr/agriculture/ogm-autorite-europeenne-juge-qualite-etude-insuffisante-16710.html.

[32] « Faut-il encore avoir peur des OGM? », lefigaro.fr, 28 janvier 2013.
[33] Autorité européenne de sécurité des aliments, 28 novembre 2012, « Les conclusions de l’étude de Séralini et al. ne sont pas étayées par des données, selon la communauté d’évaluation des risques de l’UE » : « L’EFSA a observé qu’un large consensus existait sur cette question au niveau européen, les évaluations rendues par les États membres estimant que les conclusions de Séralini et al. n’étaient pas étayées par les données présentées dans l’étude. Quatre des évaluations nationales concluaient que l’article ne fournissait pas d’informations scientifiques qui justifieraient la nécessité d’ouvrir à nouveau l’évaluation des risques du NK603 ou du glyphosate Sauf que ce n’était pas le glyphosate, mais le Roundup, beaucoup plus toxique, que l’étude évaluait ». http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/121128.htm.
[34] Jean-Sébastien Lefebvre, 29 novembre 2012, « OGM: l’autorité européenne rejette définitivement l’étude Séralini », http://www.euractiv.fr/agriculture/ogm-lautorite-europeenne-rejette-definitivement-letude-seralini-17387.html
[37] Analyse statistique, Comité Scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies, page de Marc Lavielle sur le site de Web de l’Université Paris-Sud, 22 octobre 2012
[41] http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/avis1012.pdf
[43] « Six French Science Academies Dismiss Study Finding GM Corn Harmed Rats », dotearth.blogs.nytimes.com, 19 octobre 2012.

[44] « Science et conscience », 14 novembre 2012, http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/14/science-et-conscience_1790174_3232.html

[45] Susan Bardocz et al. « Seralini and Science : an Open Letter », Site Independent Science News. Lettre originale : http://www.independentsciencenews.org/health/seralini-and-science-nk603-rat-study-roundup/ et en français : http://www.independentsciencenews.org/wp-content/uploads/2012/10/Seralini-and-Science-fr.pdf

[46] AFP, « OGM : Séralini publie une liste de soutien de 193 scientifiques internationaux, sciencesetavenir.nouvelobs.com, 19 octobre 2012.

[47] David Demortain, « L’étude Séralini, ou comment perturber le protocole (de test) », INRA SenS, http://www.inra-ifris.org/membres/publications-des-membres/l-etude-seralini-ou-comment-perturber-le- protocole-de-test.html.

[48] Stéphane Foucart, «Accusations de liens entre M. Séralini et une « secte guérisseuse » », 17 janvier 2013, http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/01/17/accusations-de-liens-entre-m-seralini-et-une-secte-guerisseuse_1818564_3244.html.

[49] Séralini et al., « Answers to critics: Why there is a long term toxicity due to a Roundup-tolerant genetically modified maize and to a Roundup herbicide », Food and Chemical Toxicology, Volume 53, March 2013, Pages 476–483.

[50] Results of a 13 week safety assurance study with rats fed grain from glyphosate tolerant corn, Hammond et al., Food and Chemical Toxicology, 2004

[51] Retraction notice to “Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize” [Food Chem. Toxicol. 50 (2012) 4221–4231], http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2013.11.047 ou http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691512005637 ou dans le communiqué publié par la maison d’édition Elsevier à http://www.elsevier.com/about/press-releases/research-and-journals/elsevier-announces-article-retraction-from-journal-food-and-chemical-toxicology.
[52] http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691512005637
[55] Claire Robinson et Jonathan Latham, « The Goodman Affair: Monsanto Targets the Heart of Science », 20 mai 2013, Independent Science News http://www.independentsciencenews.org/science-media/the-goodman-affair-monsanto-targets-the-heart-of-science/.
[56] Stéphane Foucart, 29 novembre 2013, « OGM : l’étude polémique du professeur Séralini désavouée » Le Monde, http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/11/29/ogm-l-etude-polemique-du-professeur-seralini-desavouee_3522525_3244.html. Foucart dit ceci : « Toxicologue, Wallace Hayes est lui-même consultant et ancien vice-président du cigarettier RJ Reynolds ; parmi les quatre managing editors se trouvent un autre consultant et un scientifique employé par le semencier Pioneer. Quant à la toxicologue au poste de review editor, Susan Barlow, elle est également consultante. Le Monde avait révélé en janvier 2012 qu’elle avait loué ses services à Philip Morris, acceptant que les cadres du cigarettier amendent une étude finalement publiée en 2001 sous son nom dans Paediatric and Perinatal Epidemiology. Celle-ci n’a jamais été retirée… »
[57] http://blog.endsciencecensorship.org/en/#.U4pT5MfLF2c
[58] Open Letter on Retraction and Pledge to Boycott Elsevier, Institute on science in society http://www.i-sis.org.uk/Open_letter_to_FCT_and_Elsevier.php
[59] Voir par exemple cette lettre publiée à http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691514000027
[60] Gilles-Éric Séralini, Robin Mesnage, et Nicolas Defarge « Conclusiveness of toxicity data and double standards », 18 avril 2014, Food and Chemical Toxicology, http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2014.04.018 ou http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691514002002.
[61] Marcel Kuntz, « Oui, la publication de Séralini est un poison », http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-publi-seralini-poison-123001107.html. À noter que Marcel Kuntz fait partie des chercheurs dont le travail avait mené à l’autorisation du maïs NK603.
[62] Séralini et al. « Major pesticides are more toxic to human cells than their declared active principles », BioMed Research International Volume 2014 (2014), Article ID 179691, 8 pages http://dx.doi.org/10.1155/2014/179691.
[63] Aurélie Haroche, « Pesticides : polémique sur les résultats de Gilles-Eric Séralini », Journal international de médecine, 11 février 2014.
[64] http://www.criigen.org/communique/86/display/OGM-Monsanto-invite-a-s-auto-evaluer-avec-3-millions-d-argent-public
[65] Marcel Kuntz, « Oui, la publication de Séralini est un poison », http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-publi-seralini-poison-123001107.html
[66] Dominique Pestre, 2013. À contre-science: politiques et savoirs des sociétés contemporaines. Paris: Éd. du Seuil.
[67] Foucault, Michel. 2001. Dits et écrits, tome 4. p.597 Paris: Gallimard et 2004. Naissance de la biopolitique: cours au Collège de France, 1978-1979. p.38 [Paris]: Gallimard : Seuil.
[68] Cité dans « OGM : retour sur « l’affaire Séralini » et le journalisme scientifique » par Sophia Aït Kaci, publié en ligne le 29 juillet 2013 dans Acrimed – Observatoire des médiashttp://www.acrimed.org/article4063.html et en avril 2013 dans le n°7 de Médiacritique(s), le magazine imprimé d’Acrimed.
[69] Nous le qualifions de « dominant », car c’est lui qui est enseigné et instillé au fil de la formation scientifique dans le réseau mondial des universités.
[67] Foucault, Michel. 2001. Dits et écrits, tome 4. p.597 Paris: Gallimard et 2004. Naissance de la biopolitique: cours au Collège de France, 1978-1979. p.38 [Paris]: Gallimard : Seuil.
[68] Cité dans « OGM : retour sur « l’affaire Séralini » et le journalisme scientifique » par Sophia Aït Kaci, publié en ligne le 29 juillet 2013 dans Acrimed – Observatoire des médiashttp://www.acrimed.org/article4063.html et en avril 2013 dans le n°7 de Médiacritique(s), le magazine imprimé d’Acrimed.
[69] Nous le qualifions de « dominant », car c’est lui qui est enseigné et instillé au fil de la formation scientifique dans le réseau mondial des universités.

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