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Proto-philo : Peggy Tessier, Le Corps Accidenté

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[learn_more caption= » » state= »open »] Le 7/12/16, Peggy Tessier présentait son ouvrage Le corps accidenté, publication qui fait suite à ses travaux de thèse, dans le cadre de l’événement Proto-philo, organisé par la bibliothèque Cuzin de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, et accueilli par la librairie Vrin. Vous pourrez en trouver la vidéo ci-dessous, ainsi qu’un compte-rendu.

Compte-rendu rédigé par Marc Goetzmann pour Implications Philosophiques.

 

9782130729631_v100Lors de l’événement Proto-philo du 7 décembre dernier, Peggy Tessier racontait la genèse et la démarche de son ouvrage, Le corps accidenté, s’intéressant notamment à la façon dont un travail de recherche en doctorat a pu mûrir jusqu’à devenir une publication « grand public ». C’est là la marque de fabrique des événements organisés par la bibliothèque Cuzin : dévoiler les « coulisses » de l’objet fini qu’est le livre, en proposant aux auteurs de remonter jusqu’à la source de leur démarche de chercheurs.

Les limites de ce travail sont établies de façon à circonscrire un type spécifique de modification corporelle, les modifications corporelles accidentelles, plutôt que par exemple des modifications génétiques, ou volontaires. Le titre de l’ouvrage est alors à prendre au pied de la lettre : il s’agit bien d’étudier philosophiquement ce que l’accident, item philosophique par excellence, provoque sur le corps d’un individu, en tant que modification corporelle soudaine, non voulue. Il lui a donc été possible d’étudier le rapport spécifique que l’individu entretient à un corps accidenté, ce qui lui a permis d’explorer notre rapport « contemporain » au corps.

La difficulté et la richesse de ce travail réside, comme l’a fait remarquer Peggy Tessier elle-même en faisant écho à Mauss, dans le caractère total du fait philosophique qu’est l’accident corporel. Différents aspects et champs philosophiques sont ainsi mobilisés par elle simultanément autour de cette question, afin de comprendre pleinement la thématique du handicap. Plus précisément, l’hypothèse choisie par Peggy Tessier pour donner une cohérence à sa réflexion est la suivante : l’expérience de l’accident, encore une fois en tant que modification soudaine et non voulue, est décisive pour penser notre rapport au corps dans la mesure où elle remet radicalement et brusquement en cause son unité. Pour le corps, il y a un avant et un après l’accident, à tel point que la « vie du corps » semble désormais scindée en deux autour de ce point de repère traumatique.

Une telle réflexion, profondément philosophique, n’a été cependant possible qu’en conceptualisant à partir de matériaux extra-philosophiques (à ne surtout pas appeler « non-philosophiques »), en pratiquant une interdisciplinarité assumée. Il n’y a pas eu de « terrain », comme l’appellent les anthropologues, où l’occasion aurait été donnée à la philosophe de constituer son propre échantillon de données, mais Peggy Tessier insiste aussi sur le fait qu’elle n’a pas fragmenté son étude en puisant dans des domaines séparés, autour d’un même objet : elle a cherché à faire un travail entièrement philosophique. L’ouvrage n’est donc pas construit par segments alternant perspectives sociologique, juridique, médicale etc., mais en faisant constamment une utilisation philosophique des concepts mobilisés par ces disciplines. Ainsi, bien qu’inspirée par les matériaux d’autres sciences humaines et sociales, Peggy Tessier n’a pas cherché à enquêter sur les représentations sociales du handicap, mais plutôt à utiliser des fictions comme de véritables expériences de pensée.

Au cours de cet entretien, on apprend aussi comment les contraintes de l’édition peuvent conduire un chercheur à donner une forme nouvelle à un long travail de recherche. La crainte, présente à l’esprit de tous, est que l’édition occasionne une déperdition du contenu scientifique de la thèse. Au contraire, il ressort des propos de Peggy Tessier que ce processus a pu maintenir, voire renforcer, la cohérence de son travail, la conduisant à focaliser l’ouvrage sur l’objet principal de sa thèse, mettant de côté des thématiques et des développements moins centraux, qui ont pu être développés de façon autonome, ailleurs, notamment sous forme d’articles scientifiques.

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