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Les traces de la philosophie (II)

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La ‘mauvaise foi’ d’Arnaud Desplechin : l’élaboration d’une philosophie éthique ? (II)

Les traces de la philosophie

Chercher à relever, dans un souci d’exhaustivité et de précisions, les moindres traces de philosophie dans l’œuvre d’Arnaud Desplechin n’est pas la démarche essentielle de ce développement. Nous ne pouvons cependant nous y soustraire. Cet inventaire à la Prévert – selon la formule consacrée – pour incomplet qu’il sera, devra nous permettre de mesurer la place et le sens accordés par notre réalisateur à la philosophie.

Démarrons donc l’inventaire :

Dans Un conte de Noël : un gros plan sur un livre Vrin, une citation de Nietzsche (La généalogie de la morale), des références au transcendentalisme américain (Le journal d’Emerson), ou à un cinéaste formé à la philosophie de Cavell ayant traduit des ouvrages d’Heidegger (Terrence Malik : La balade sauvage, Le nouveau monde).

Dans ce film la philosophie accompagne le personnage d’Abel qui n’a rien d’un « philosophe ». A la fois authentique et sincère il semble vivre la philosophie en la considérant comme un remède, une source d’enseignement et de sagesse : il offre à son épouse Junon le journal d’Emerson ou qu’il lise, pour répondre à sa fille ne comprenant pas la source de sa tristesse permanente, un fragment de La généalogie de la morale de Nietzsche (traduit par ses soins) où l’homme y est dépeint comme étranger à lui même.

Nous, chercheurs de la connaissance, nous sommes pour nous-mêmes des inconnus  – pour la raison que nous ne nous sommes jamais cherchés… Quelle chance avions-nous de nous trouver quelques jours ? Notre trésor est là où sont les ruches de notre savoir. Abeilles nées, toujours en quête collecteur du miel de l’esprit, une seule chose nous tient vraiment à cœur : ramener quelque chose à la maison. Pour le reste, quant à la vie, aux prétendues « expériences vécues » lequel d’entre les prend seulement aux sérieux ? Lequel en a le temps ? Dans cette affaire, je le crains, nous n’avons jamais été vraiment  « à notre affaire » : le cœur n’y était pas – ni même l’oreille! Bien plus, comme un homme divinement distrait , absorbé en lui même, aux oreilles duquel vient de retentir à grand bruit les douze coups de midi, et qui, brusquement éveillé, se demande « qu’est ce qui vient au juste de sonner ? » – ainsi arrive-t-il que nous nous frottions les oreilles après coup en nous demandant, tout étonné, « qu’est ce donc que nous avons au juste vécu ? » – ou même « qui sommes nous au juste ? »  Et nous essayons alors – après coup comme je viens de le dire  – de faire les comptes des douze sons de cloche vibrant, de notre expérience, de notre vie, de notre être – hélas ! Sans trouver de résultat juste … Nous restons nécessairement étranger à nous-mêmes, nous ne nous comprenons pas, nous ne pouvons faire autrement que de nous prendre pour autre chose que ce que nous sommes, pour nous vaut toute l’éternité la formule : « chacun est à soi même le plus lointain », à notre propre égard nous ne sommes pas des « chercheurs de connaissance ».

Dans Rois et reine la philosophie s’incarne dans le personnage d’Ismaël. Connaisseur en matière poétique et philosophique il se réfère à l’antiquité pour justifier de son rapport à la mort. Il a pour habitude de se balader vêtu d’une cape de mousquetaire et soutient que l’existence de l’homme consiste à vivre « sur une droite, une seule ligne » à vivre « pour mourir ». Cela entre en résonnance avec une certaine philosophie existentielle (Heidegger). A la différence des femmes, dépourvues d’âme et vivant « dans des bulles », l’homme peut  « négocier au quotidien avec la question de l’être. »

Ce personnage tout aussi burlesque que profond et attachant est, comme beaucoup de personnages du cinéma Desplechin, inadapté au monde qui l’environne. Il manque la relation humaine. Ainsi une scène de dispute avec sa sœur :

– Tu ne veux pas te demander un petit peu ce que je veux vraiment ? C’est toi qui veux que je sois peintre. Je veux être une mère au foyer.

– Je n’y peux rien.

– Ton souci de moi, besorgen, – c’est comme ça qu’on dit en philo ?-  c’est toi qui est le petit roi de ton monde à jouer avec tes soldats ou je ne sais pas quoi. Et tu me laisses seule comme un chien et tout ce que tu fais est une ignorance de moi.

Roi dans son monde, enfermé en lui même il met en garde le jeune Elias de ce risque. Sans doute Ismaël est-il l’être le plus censé que nous croisions dans ce film :

C’est bien d’avoir un trésor mais il ne faudrait pas que ce trésor se transforme en un fardeau. Sinon je me dis que tu es comme enfermé dans tes pensées et ça me fait de la peine et j’ai envie de te libérer. »  « On a toujours raison mais on peut aussi avoir un petit peu tort en plus. Avoir un petit peu tort c’est un très bonne nouvelle ca veut dire qu’on n’a pas déjà toute la solution et que la vie va être bien plus étonnante et pleine de surprise que ce que l’on croyait

à la condition, serions tenté d’ajouter, d’ajuster ses attitudes et ses actions au monde extérieur ; à la condition de se frotter à cette altérité radicale, le non-moi, qui nous fait face.

Cette rencontre avec le monde extérieur paralyse bien souvent les personnages construits par Desplechin. C’est le cas pour les deux « héros » de Comment je me suis disputé (Paul Dédalus) et de Esther Kahn (Esther Kahn). De ces deux films jumeaux, véritable démonstration dialectique sur la volonté, se dégage une philosophie éthique.

Si l’un est un universitaire, un professeur d’épistémologie et de logique un rien velléitaire ne pouvant faire cesser ses disputes intérieures ; l’autre, en revanche, est quasiment analphabète et n’a pour elle que sa volonté. Si l’un (Paul) possède une âme l’autre semble en être démunie (Rois et reine est-il un écho à cela ?) :

Ne faites pas attention à elle ce n’est pas un enfant humaine c’est un singe (…) dit la mère d’Esther Kahn. Elle habite avec nous alors elle doit se voler une âme comme font les singes. On dirait des humains mais ils savent qu’ils n’en sont pas. Voilà pourquoi ils nous imitent.

Paul n’est peut être pas un singe mais il partage avec Esther cette faculté à imiter, à singer. Et ses amis en font de même. Son ancien ami, Rabier, ne se sépare d’ailleurs jamais de son singe. Bref, cet animal devient l’élément central de la démonstration desplechienne.

Mais avant d’exposer plus en détail cette dialectique poursuivons notre inventaire à la Prévert. Dans Esther Kahn, du moins au premier niveau de lecture, aucune figure philosophique n’est convoquée. Une lecture plus attentive dévoile cependant des figures philosophiques : une scène d’hallucination peut évoquer l’hypothèse cartésienne de Dieu méchant et les philosophes Kant et Nietzsche sont convoqués dans un jeu de mot[1].

En effet : Esther Kahn. Il est possible d’entendre, dans ce nom, le verbe pouvoir en anglais : Esther Can. Esther peut, donc ; et là est sa seule puissance et sa seule volonté, sa seule vérité. Et lorsque, à la fin du film, elle tente en vain de ne pas pouvoir, elle ne cesse de dire : i can’t (Kant) : je ne peux pas. Ce jeu de mot se comprend par sa référence à l’analyse nietzschéenne de la morale kantienne : elle serait morale de l’impuissance.

Paul Dédalus (un kantien ?), voudrait pouvoir mais ne le peut, trop égaré qu’il est dans des principes qu’il croit impossible de violer ; Esther Kahn voudrait ne pas pouvoir mais n’y parvient pas. Trop de vie la traverse.

Dans Comment je me suis disputé…(ma vie sexuelle) la présence de la philosophie se fait plus explicite et immédiate. Les allusions et les références sont constantes : de l’épistémologie (Cercle de Vienne, Hacking, Carnap) à la philosophie antique (L’éthique à Nicomaque d’Aristote) en passant par Leibniz, Hegel, Kierkegaard, ou, pour des auteurs plus contemporains Jean-Luc Marion (Prolégomènes à la charité) ; des figures de philosophes sont  dessinées : Frédéric Rabier (et son singe), ancien ami de Paul Dédalus et nouveau responsable du département d’épistémologie de Nanterre. Son excellente réputation lui donne droit à un immense bureau.

Il y a aussi Nathan, le meilleur ami de Paul. On ne le voit jamais travailler, donner des cours ou lire. Toujours il délivre ses conseils, tranquillement, semblant toujours tout comprendre à ce qui advient autour de lui. Mais ne semblant rien voir sur ce qui lui est le plus proche (sa compagne Sylvia et son histoire avec Paul).

Mais aussi le maître de Paul, vraisemblablement atteint de la maladie d’Alzheimer. Les échanges maitre élève ne concernent que l’arrivée de Frédéric Rabier. Et enfin Paul Dédalus. Si nous ignorons le sujet de sa thèse nous savons en revanche qu’il ne parvient à l’achever. Devenu maitre assistant sans trop l’avoir voulu il veut quitter ce métier mais, là encore, n’y parvient pas. Son impuissance à agir le défini.

Desplechin ne le voit pas philosophe : « il a su, un peu, faire des études[2] »,  c’est tout. Un autre trait le définissant est sa capacité à s’excuser ou à demander à se faire excuser. Ce n’est nullement le cas d’Esther Kahn mais, comme P. Dédalus, elle va par sa confrontation à l’altérité trouver place dans le monde. L’essentiel est là. Pour la première fois de son existence, P. Dédalus va « butter sur l’altérité », et par la même être « rendu au monde » ; il en va de même pour Esther Kahn.

Paul pourra donc enfin quitter sa compagne et démissionner de son poste et Esther  devenir une grande actrice. Paul semble ne pas exister : « il appartient aux filles qui le raconte[3] ». S’il est ami avec Nathan c’est bien parc qu’il est le seul a avoir « su résister à l’image que Paul lui reflétait. »

De cet univers où chacun singe l’autre, dit à sa place ce qu’il pourrait dire, ressort une image mitigée de milieu philosophique universitaire. Exception faite de Rabier, être seul et isolé, vivant avec son singe au milieu de tableaux, la philosophie ne semble, dans le fond, pas une chose essentielle à l’existence de ces personnes. Paul ne répond t-il pas  à son maitre l’interrogeant sur ce qu’il fait : « oh pas grand chose, je finis ma thèse. ». Une fois celle-ci achevée  heureux et soulagé il déclare : « J’ai fini ma thèse, maintenant je peux être pompiste. ».

Tout au long du film Desplechin ne cesse de jouer avec le rapport entretenu par Paul avec la philosophie. A la fin du film cela en devient comique : « un truc qui ne vieillit pas, explique Paul, c’est l’étonnement » – venant d’un philosophe cette déclaration n’a rien de surprenant. En effet, du moins depuis Platon, l’étonnement est pensé comme source du savoir philosophique –  la suite de son propos donne un tout autre sens à ce principe :

quand je mets la main dans la culotte d’une fille que je ne connais pas pour la première fois (…) c’est ce moment là qui fais que tu sens que tu es en vie. (…)

C’est pas Heidegger sur sa putain de  montagne ou je ne sais pas quoi, non c’est le visage de la fille, tu vois, qui a un peu peur, qui repousse l’élastique, le début du ventre, tu vois. Il ne faut pas croire les gens qui te disent : « eh ça va renonce à ça il y a mieux », mais il n’y a rien de mieux dans la vie et t’as intérêt à t’en satisfaire, et c’est déjà pas mal.

Esther Kahn non plus n’existe pas. Ne jetant qu’un regard désintéressé sur le monde extérieur elle déclare être enfermée : « Je suis enfermé » dit-elle « C’est comme si vous étiez dans le fleuve, moi je suis à côté et je vous regarde passer ». Nathan, son professeur confirme : « pour l’instant tu es morte », « tu es froide et dure comme une pierre ».

Paul ne comprend pas que son rapport à la pensée lui fait obstacle et l’empêche d’advenir au monde :

« S’arrêter de penser c’est précisément ce que Paul ne saura jamais faire. ». « Paul ne comprend pas que Valérie n’a pas besoin de douceur du tout et qu’il n’est pas besoin de machination pour expliquer son absence de tendresse. Il s’agit là tout platement de la nature de Valérie (… ). »

Ses disputes intérieures, ses « machinations », constituent autant d’outils pour éviter de faire face à l’altérité. Ses constructions logiques ne peuvent expliquer la nature de Valérie. Il ne s’en remet que difficilement.

En dehors de son cercle d’amis Paul n’existe pas. Après s’être soumis à Rabier en acceptant d’enlever son singe mort de son bureau, qui, coincé  derrière le radiateur avait fini par dessécher, il le jette à poubelle.  Par ce geste Paul se jette lui-même, s’efface de  la vie de son ancien ami. « Il faut absolument virer cette merde de mon bureau » exige Rabier. Voilà qui est chose faite.

De ce singe en effet Rabier disait la chose suivante : « il me suit toujours à moins que ce ne soit lui qui me précède. » Qui donc est l’ombre et de qui ou qui fait de l’ombre à qui ? Paul et Rabier ont travaillé ensemble, écrit des articles ensemble. Mais, tombé amoureux du portrait que Paul avait fait de lui, Rabier a donné une fin brutale à leur amitié. Or Paul, précise Desplechin, « a besoin d’admirer sans rivalité » et croit indispensable de mériter l’estime qu’on lui porte.

Paul Dédalus n’existe donc pas : face à des portes automatiques restant closes à son passage il se décide à passer sa chemise – contenant surement sa thèse et ses cours  devant les détecteurs. Rien n’y fait, les portes ne s’ouvrent pas. La philosophie ne le rend pas visible, ne lui permet pas d’advenir au monde – comme sa déclaration sur l’étonnement citée précédemment en atteste.

Il a beau affirmer : « je suis l’agent de ma chute, je veux contrôler ma chute », sa chute  dans les escaliers lui échappe bel et bien. De cet « acte manqué » il est certes l’agent mais il ne semble rien contrôler. Sa « chute » impose irrémédiablement une confrontation avec le monde extérieur :

Aujourd’hui, commente en voix-off Arnaud Desplechin, Paul va être offensé et cette ultime vexation va être l’acmé de sa déchéance. Paul n’a pas encore conscience que cette offense qu’il va subir s’avérera sa voie royale et joyeuse vers la reconnaissance d’autrui. Offensé Paul va, pour la première fois, butter sur l’altérité. Ainsi ce que Frédéric Rabier va lui offrir c’est le monde entier que Paul avait perdu.

Esther, après que son premier et seul amant l’a éconduite, ne veut pas jouer le rôle d’Hedda Gabler en présence de son ancien amant accompagné de sa nouvelle maitresse. C’est pourtant à lui qu’elle doit son accès au monde. Elle se frappe alors le visage (« Personne ne me tape dessus. Il n’y a que moi qui me tape dessus. »), avale du verre, hurle i can’t (je ne peux pas) mais rien n’y fait, elle peut. Elle n’a jamais aussi bien pu :

c’est à peine si elle semblait jouer. On eut dit qu’il s’était établi un courant magnétique entre elle et ceux qui la regardaient. C’était comme s’ils assistaient à une réelle tragédie, comme si, à tout moment ce jeu pouvait faire place à quelque passion horrible, nue, de la nature.

Car Esther Kahn, force brute, violence, brutalité devient, par son jeu, plus philosophe que Paul Dédalus. Elle a su appliquer les méthodes de son maître Nathan pour qui :

Chaque pas doit contenir une idée si complexe qu’il faudrait dix philosophes pour la déchiffrer.

Sans doute ne déchiffre-t-elle pas ces dix idées, nul doute qu’elle les éprouve.

« Je dis qu’une victoire morale peut-être une belle chose » dit un personnage d’Hedda Gabler à la fin d’Esther Kahn. Tel est en effet l’objet de ce dyptique : Paul Dédalus cesse de singer son entourage (et s’exaspère que son cousin continue cette pratique) et affronte Rabier ; Esther Kahn cesse d’être un « singe » volant l’âme des autres. Capables d’affronter la négation d’eux-mêmes ils se trouvent pleinement, et ressentent la vie en eux : les mains dans la culotte des femmes inconnues pour l’universitaire P. Dédalus …, le jeu sur une scène pour Esther Kahn.

Par le recours à la voix off Desplechin devient philosophe. A la logique enseignée par Paul Dédalus à ses étudiants il répond par une autre démonstration. Ces deux films sont en effet construits comme deux pensées, deux raisonnements. Une fois le processus réflexif de l’un achevé, c’est à dire le film terminé, il se heurte à l’autre, dans un mouvement dialectique échappant à la synthèse car celle-ci est interne à chaque film.

Au delà de ces deux films jumeaux Arnaud Deplechin déploie, de film en film, une pensée éthique. Toute nourrie à la philosophie elle nous semble à rapprocher de l’éthique du care. Le primat donné à la relation comme norme d’action morale sur les éthiques nomologiques (quelle soit kantienne, utilitariste, logique etc) nous paraît un point central de l’œuvre desplechienne. Pour reprendre un exemple de Comment je me suis disputé Paul, précise le réalisateur, « croit impossible de prendre une fille à une autre garçon. C’est là que ses problèmes commencent », croit fondamental de mériter l’estime que l’on nous porte etc. Refusant donc le possible et s’appuyant sur des principes, arguant d’arguments à prétention universel pour justifier de sa rupture avec Esther (« Les histoires entre les gens c’est fait pour se terminer, c’est pas de ma faute c’est universel ») Paul Dédalus agit sur les bases d’une éthique nomologique. Et si il fréquente trois femmes en même temps, comme le précise Desplechin, il reste malgré tout monogame. Ce qui est pour lui dur à porter.

Notre cinéaste insiste sur la relation comme  norme éthique : « « Je t’ai changé ». Par cette seule phrase Sylvia avait rendu Paul au monde. » précise-t-il, « Le vieux Paul était mort, il ne vivait donc pas pour rien. »

Une dernière remarque enfin. Esther Kahn est pour Desplechin «brillante tout de suite » et bien plus philosophe que l’universitaire Paul Dédalus ; Abel le teinturier érudit et mélomane d’Un conte de Noël lit Nietzsche et Emerson – et sa fille trouve que teinturier n’est pas assez bien pour lui.  De cela se dégage l’idée que la philosophie ne peut être une simple affaire de connaissances ou de statut social.

François Carrière (Paris 1/Paris 7)

Première partie de l’article


[1] Nous reprenons là un propos d’Emmanuel Bourdieu. Cf le supplément du DVD 2 films de Arnaud Desplechin.

[2] Cf supplément du DVD 2 films de Arnaud Desplechin.

[3] Idem.

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