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Recension – Husserl et Freud, un héritage commun

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Eloïse Meurie, professeur de philosophie au lycée Sacré-Cœur de Tourcoing.

Marie Gyemant, Husserl et Freud, un héritage commun,  Classiques Garnier, 2021.

L’ouvrage est disponible ici.


Cet ouvrage a pour ambition de mettre en évidence l’origine commune de la phénoménologie et de la psychanalyse, en montrant d’une part en quoi l’élaboration de la phénoménologie par Husserl est liée aux efforts faits dans la seconde moitié du XIXème siècle pour fonder une science des processus psychiques, et d’autre part en quoi ces recherches sont aussi le point de départ des réflexions qui ont conduit Freud à développer la psychanalyse.

Pour cela, Maria Gyemant commence par dresser un tableau de la recherche en psychologie à cette période, en en présentant ses principaux acteurs : Wilhelm Wundt, médecin de formation, à la recherche d’une science du psychique indépendante de la physiologie et fondateur de la plus grande école de psychologie expérimentale de l’époque ; Franz Brentano, dont la Psychologie du point de vue empirique cherche surtout à décrire et caractériser les phénomènes psychiques et le fait en remettant au goût du jour le concept d’ « intentionnalité » (p. 24) ; Theodor Lipps, philosophe et ancien élève de Wundt, convaincu qu’il ne peut y avoir au fondement de toutes les sciences que les lois psychologiques, et  défenseur de l’existence de phénomènes psychiques inconscients ; Sigmund Freud et Edmund Husserl, respectivement médecin et mathématicien de formation mais qui ont le point commun d’avoir tous les deux été élèves de Brentano.

Le deuxième chapitre montre à quelles difficultés se confrontent les auteurs engagés dans la constitution d’une science des phénomènes psychiques. Tout d’abord, quel pourrait être l’objet exact d’une psychologie scientifique et qu’est-ce qui pourrait faire son caractère scientifique ? Pour Wundt[1], le caractère scientifique vient de la possibilité de la vérification expérimentale, et si la psychologie doit exister c’est en quelque sorte parce que l’expérimentation ne peut se faire de l’extérieur, par la physiologie. Le phénomène étudié est donc principalement la sensation, en tant qu’expérience immédiate et simple. Pour Brentano, faire un parallèle entre le psychique et le physiologique n’a pas de sens, car c’est justement son effort pour définir la nature du psychique, sa spécificité, qui constitue la psychologie comme science à part entière. Et c’est ce que Brentano fait en mobilisant le concept d’intentionnalité : un phénomène psychique se caractérise par le fait d’être intentionnel, c’est-à-dire de contenir quelque chose à titre d’objet.

Une autre difficulté existe : lorsque l’on se donne comme objectif de recenser, décrire et classifier les phénomènes psychiques, peut-on admettre l’introspection comme une méthode valable ? Sur ce point, les psychologues se trouvent sommés de se justifier par les positivistes, notamment Auguste Comte. Une introspection est une observation de soi par soi, ce qui semble supposer une division du sujet en deux. Brentano relève que Comte dit dans son Cours de philosophie positive qu’il y a « impossibilité manifeste » d’observer « les phénomènes intellectuels pendant qu’ils s’exécutent »[2]. Ce problème va générer de longues discussions et un certain nombre d’hypothèses que Maria Gyemant détaille, notamment parce qu’elles seront à l’origine de l’analyse par Husserl de la conscience intime du temps. Selon l’inventeur de la phénoménologie, l’introspection est rendue possible par la distance qui se crée entre l’impression originaire et ses rétentions.

Faut-il admettre des phénomènes psychiques inconscients ? Les troisième et quatrième chapitres présentent les différentes options sur ce point, Wundt et Brentano considérant qu’une psychologie ne peut être qu’une science du conscient, alors que Lipps et Freud développent l’idée d’un psychisme travaillé par des phénomènes dont le sujet n’a pas conscience.

Pour Wundt, que la psychologie soit empirique signifie qu’il est totalement exclu de faire des hypothèses sur la nature de la psyché. Il faut s’en tenir à ce qui peut être objet de l’expérience, ce qui signifie dans le même temps qu’il est totalement exclu de faire l’hypothèse de phénomènes psychiques inconscients.

De même, pour Brentano c’est la perception interne qui livre les phénomènes que la psychologie prend pour objet, il serait donc contradictoire de supposer l’existence de phénomènes échappant à cette perception interne. Maria Gyemant s’arrête un peu sur ce point car Brentano ne rejette pas l’idée d’inconscient sans en examiner l’hypothèse. En effet, cette idée s’était diffusée dans la psychologie du XIXème siècle car elle permettait de résoudre certains problèmes, deux en particulier : l’existence de certains phénomènes conscients n’ayant aucun lien de causalité avec le reste de la vie conscience du sujet, et la régression à l’infini à laquelle on s’expose dès lors qu’on définit la conscience comme la somme des actes qui ont un objet et qui sont eux-mêmes les objets d’une perception interne. Comme exemples de phénomènes conscients dont on ne trouve pas la cause dans la vie consciente du sujet, il peut y avoir : les productions artistiques géniales, certaines croyances ou savoirs, certaines sensations apparemment causées par des processus subliminaux, etc. Supposer une cause inconsciente pouvait sembler être une bonne manière de rendre rationnelle l’existence de ces phénomènes. C’est pourquoi Brentano commente en détail les travaux de psychologues ayant fait cette hypothèse, par exemple ceux du britannique Henry Maudsley, qui imaginait une mémorisation inconsciente à l’origine de savoirs inexpliqués chez certains sujets, ou ceux de Friedrich Beneke et Gustav Fechner, qui reprenaient l’idée leibnizienne de sensations à l’intensité trop basse pour faire l’objet d’une représentation consciente. Il examine les divers raisonnements ayant pu conduire à cette hypothèse et cherche à montrer qu’on peut en faire l’économie. De même pour le second problème : Brentano montre qu’il est illusoire d’imaginer résoudre le problème de régression à l’infini posé par la définition de la conscience par l’hypothèse d’actes inconscients. On peut là aussi se passer de cette hypothèse en voyant l’acte intentionnel comme un acte qui a un objet primaire et qui est en même temps son propre objet secondaire.

La psychologie de Lipps est au contraire une psychologie de l’inconscient. Dans le quatrième chapitre, Maria Gyemant nous montre que la conception que Lipps développe de la psychologie[3] nous permet de comprendre le lien entre la psychologie du XIXème siècle et la psychanalyse. Selon cet auteur, la psychologie ne doit pas renvoyer le non-conscient à du physiologique (comme le faisait Wundt) mais admettre que l’activité psychique consciente est le résultat de l’émergence à la conscience de certains éléments, sur fond d’une vie psychique quasi entièrement inconsciente, et selon des lois causales universelles que la psychologie doit mettre au jour. Lipps aurait la paternité de cette célèbre image de la conscience comme partie émergée de l’iceberg. Ce passage permet de mesurer ce que Freud doit à cette préoccupation de la philosophie du XIXème siècle pour la conscience.

Les pages ensuite directement consacrées à Freud permettent cependant de voir que si Freud doit beaucoup à Lipps, son concept d’inconscient n’en est pas moins original. L’originalité vient du fait que les hypothèses de Freud sont faites dans le cadre de sa pratique clinique et appelées à être vérifiées par leur efficacité thérapeutique. Cherchant à expliquer la souffrance des patients, il en vient à l’idée d’un inconscient radicalement coupé de la vie consciente, actif mais totalement inaccessible pour le sujet, là où Lipps envisageait une continuité entre la vie psychique inconsciente et son infime partie consciente. Pour Freud, si certaines pensées sont inconscientes, c’est justement parce que la cohérence du sujet est menacée par elles. Leur étude n’est possible que parce que le « refoulement »[4] – notion centrale dans cette nouvelle conception de l’inconscient – est imparfait et les laisse se manifester par les rêves, les lapsus ou les symptômes névrotiques.

Le cinquième chapitre s’emploie à reconstituer la naissance de la phénoménologie husserlienne à partir de ces mêmes discussions autour d’une psychologie philosophique. Le chapitre va montrer comment il s’agit pour Husserl de tenir ensemble une perspective psychologiste issue de Brentano et une perspective antipsychologiste héritée de Frege et Bolzano. A l’origine mathématicien, Husserl a rejoint la philosophie sous l’influence de Brentano, mais il ne peut se résoudre au psychologisme. Que reste-t-il de la vérité comme correspondance entre un énoncé et une réalité lorsque l’on fait des lois du psychisme le fondement ultime ? Ne faut-il pas considérer au contraire que toute science, même la psychologie, doit suivre les règles de la logique ? Mais si l’on refuse une définition de la connaissance comme quelque chose d’interne à la conscience, quel est le statut de l’objet de cette connaissance ? La critique qu’avait fait Gottlob Frege du psychologisme de son premier ouvrage[5] contraint Husserl à repenser son positionnement sur le sujet. Même si cette critique porte, et ce d’autant plus que Husserl avait été mathématicien, soutenir l’indépendance des objets idéaux de la connaissance vis-à-vis de la pensée aboutit à « une sorte de platonisme » (p. 90) difficile à justifier. Maria Gyemant montre comment Husserl va puiser chez Bolzano[6], Rudolf Lotze[7] et Kazimierz Twardowski de quoi inventer sa propre solution.

Pour Bolzano, il y a des propositions en soi. Une proposition en soi a une valeur de vérité, qu’elle soit pensée ou non. Et elle peut avoir une multiplicité de propositions subjectives comme expression. Cette idée a créé la controverse, car le fait qu’il y ait des propositions en soi signifie qu’il peut y avoir des représentations sans objet (par exemple, la représentation d’un cercle carré). Pour les psychologistes, une telle représentation est impossible. Par exemple, dans l’école de Brentano, un acte psychologique se définit par son intentionnalité, donc par le fait qu’il y a un objet. La lecture de textes de Twardowski[8] permet à Husserl d’élaborer sa propre conception. En effet, Twardowski fait la distinction entre l’objet d’une représentation et son contenu, et introduit un nouveau type d’objets, les « objets intentionnels » (p. 97), pour résoudre le problème de la représentation d’objets inexistants. C’est en faisant la critique de cette solution que Husserl construit sa théorie de l’acte de représentation : tous les actes de représentation ont un contenu objectif en tant qu’ils ont un objet intentionnel, que l’objet existe dans le monde extérieur ou non.

Maria Gyemant montre ensuite comment les Recherches logiques[9] prolongent ces réflexions tout en essayant d’en résoudre les difficultés. Il s’agit de prendre acte du fait que la connaissance est à la fois connaissance de quelque chose et connaissance d’un sujet, de construire « une psychologie non-psychologiste de la connaissance » (p.100). Le phénoménologue étudie les mêmes objets que les psychologues mais expurgés des aspects singuliers ou contingents. D’où l’usage de la méthode de la variation eidétique, empruntée à Bolzano. La phénoménologie se trouve définie comme une sorte de « logique du psychique » (p. 102). A ce stade, le problème de la connaissance est résolu par une « théorie du remplissement » (p. 106) : il y a deux types d’actes, les significations et les intuitions, et il y a connaissance quand un acte de signification (qui est une visée vide) concorde avec un acte d’intuition. Ce dispositif ne s’avère cependant pas complètement satisfaisant car il fait reposer la vérité sur des contenus sensoriels. C’est ce qui conduit Husserl à inventer ce que Maria Gyemant qualifie d’ « idée de génie » (p. 107), qui le fera entrer dans l’histoire de la philosophie : la réduction transcendantale.

Le sixième chapitre montre comment cette astuce méthodologique, consistant à mettre entre parenthèse le monde transcendant, va donner tout son sens à la phénoménologie. La théorie du remplissement ouvrait la porte à une forme de relativisme. Husserl a l’idée de laisser provisoirement de côté la question de la connaissance et de limiter le questionnement à la dimension immanente de l’expérience, de mettre entre parenthèse l’attitude naturelle de la conscience, qui est de croire à la transcendance du monde. La phénoménologie va se contenter de l’étude des actes, des actes intentionnels et de leurs relations. Cela signifie qu’il faut voir le monde comme constitué par le sujet et non pas existant avant le sujet. La réduction nous fait changer de perspective : le sujet se découvre « source absolue de tous les objets » (p. 111) qu’il peut appréhender, et découvre que le monde qu’il croyait transcendant a toujours eu le statut de noème. De ce point de vue, le fait que le monde noématique soit cohérent vient du fait qu’il a une source unique et rationnelle, la conscience transcendantale. Maria Gyemant montre alors que se trouve dans cet idéalisme transcendantal de la phénoménologie un point de confrontation important avec la psychanalyse.

En effet, pour la phénoménologie, l’ego transcendantal a les deux caractéristiques de contenir toutes les expériences possibles et de constituer un monde parfaitement cohérent. Ces deux caractéristiques n’empêchent-elles pas la phénoménologie de penser le trauma ? Cette question se pose car le trauma est défini par les premiers psychanalystes comme un événement qu’un sujet ne peut intégrer à son histoire personnelle, du fait qu’il entre en conflit avec l’image qu’il a de lui-même. C’est Sandor Ferenczi, contemporain et disciple de Freud, qui a le plus travaillé sur la question des traumas, à partir d’observations faites sur des soldats revenus du front pendant la première guerre mondiale. Il observe des symptômes physiques ayant une origine psychique et analyse ce phénomène[10] comme la conséquence d’affects que le sujet ne peut relier à aucune représentation et qui de ce fait ne peuvent devenir conscients. L’existence de traumas est donc contradictoire avec l’idée d’une conscience en laquelle se trouverait toutes les expériences possibles et qui seraient toutes cohérentes. Car le trauma est une expérience incommensurable à tout ce qui a été vécu ou pourrait l’être. Si le trauma est vraiment trauma, une phénoménologie transcendantale telle que pensée par Husserl n’est pas possible. Ou, en tout cas, le caractère radical du trauma remet en question le caractère absolu de la conscience transcendantale.

Dans la continuité de cette réflexion sur ce que la psychanalyse pourrait objecter à la phénoménologie, le septième et dernier chapitre se penche sur le rapport que Husserl entretient avec la psychanalyse et le rapport que Freud entretient avec la philosophie. Maria Gyemant montre qu’on peut trouver chez Husserl, en particulier dans les textes de la dernière période, une prise en compte de la question de l’inconscient, notamment à travers des questionnements sur des expériences comme la naissance, la mort et le sommeil. Reste que le trauma, dans sa radicalité, pose selon elle une question que la phénoménologie aurait intérêt à voir comme une occasion de se développer dans de nouvelles directions. Parallèlement, si Freud a exprimé toute sa vie une méfiance pour la philosophie spéculative et sa prétention à fournir des visions du monde totalisantes, il a pu malgré tout dans certains textes proposer des modèles théoriques ne provenant pas d’observations de symptômes, comme dans Au-delà du principe de plaisir[11] lorsqu’il complète sa théorie des pulsions par une réflexion sur la pulsion de mort. Finalement, pour Maria Gyemant, si chacun des deux auteurs peut être vu comme posant des questions à l’autre, si les deux auteurs peuvent être mis en dialogue, c’est parce que leurs projets ont une racine commune : la recherche au XIXème siècle d’une psychologie philosophique, guidée par l’idée que la philosophie doit être scientifique. La phénoménologie est à la recherche de ce qui dans le sujet est universel et essentiel, là où la psychanalyse se veut étude de l’irréductiblement singulier. Pour autant, phénoménologie et psychanalyse se font écho car elles sont le résultat d’une même préoccupation pour l’expérience vécue du sujet.

Cet ouvrage possède d’impressionnantes qualités de synthèse. En un petit nombre de pages, il parvient à dresser un tableau des principales questions que les philosophes de la deuxième moitié du XIXème siècle se sont posées au sujet de la conscience, et de la manière dont ils les ont traitées. Le lecteur pourrait certes, à certains moments, déplorer que les enjeux de certaines controverses soient difficiles à saisir du fait du caractère succinct du résumé des différentes positions. On pourrait par ailleurs regretter l’existence d’un certain déséquilibre entre la longueur des développements consacrés à la naissance de chacun des deux courants de pensée et la relative concision de ceux consacrés à leur confrontation. Malgré cela, l’accent mis sur les problèmes, sur les concepts inventés pour les résoudre et la transmission de ces concepts aboutit à une contextualisation très claire des premiers ouvrages de Husserl et de Freud, permettant de prendre la mesure de l’importance de cette origine historique commune dans l’œuvre de chacun d’entre eux, et surtout, permettant de méditer sur ce qu’il peut y avoir de fructueux à confronter les méthodes et manières d’aborder les problèmes des deux auteurs.

 

[1] Notamment dans un article sur la définition de la psychologie : WUNDT, Wilhelm, « Über die Definition der Psychologie », Psychologische Studien, 1896

[2] BRENTANO, Franz, Psychologie du point de vue empirique, M. Gandillac et J.-F. Courtine (éd.), Paris, Vrin, 2008, p. 45

[3] Principalement dans son ouvrage le plus important, Faits fondamentaux de la vie psychique : LIPPS, Theodor, Grundtatsachen des Seelenlebens, Bonn, Max Cohen, 1883

[4] FREUD, Sigmund, Métapsychologie, J. Laplanche et J. B. Pontalis (éd.), Paris, Gallimard, 1968, p. 47

[5] FREGE, Gottlob, « Compte rendu de Philosophie der Arithmetik I de E. G. Husserl », Ecrits logiques et philosophiques, Claude Imbert (éd.), Paris, Seuil, 1971

[6] Sa Théorie de la science est notamment une référence essentielle pour Husserl : BOLZANO, Bernard, Théorie de la science, J. English (éd.), Paris, Gallimard, 2011

[7] En particulier dans sa Logique de 1843 : LOTZE, Rudolf, Logik, Hamburg, Meiner, 1989

[8] En particulier dans son texte Sur la théorie du contenu et de l’objet des représentations : TWARDOWSKI, Kasimir, Sur la théorie du contenu et de l’objet des représentations, dans Husserl-Twardowski, Sur les objets intentionnels, J. English (dir.), Paris, Vrin, 1993

[9] HUSSERL, Recherches logiques, H. Elie, L. Kelkel, R. Schérer (éd.), Paris, PUF, 1959-63

[10] Notamment dans : « Two types of war neurosis », Further contributions to the theory and technique of psycho-analysis, J. Rickman (éd.), New York, Boni and Liveright publishers, 1927

[11] FREUD, Sigmund, Essais de psychanalyse, A. Bourguignon et al. (éd.), Paris, Payot, 1981

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