Société/Politique

Recension – La régulation des pauvres

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Recension par Nolwenn Picoche

La régulation des pauvres

de Nicolas Duvoux et Serge Paugam

L’objet de la philosophie sociale, selon Axel Honneth, est de définir et d’analyser les processus d’évolution de la société qui apparaissent comme des évolutions manquées ou comme des pathologies du social. Cette démarche s’inscrit dans une philosophie de l’histoire qui est celle de la dégradation de la vie sociale réussie. Cela implique d’interroger les fondements des critères de la normalité sociale. Pour comprendre ce qu’est une vie sociale réussie, il faut étudier les déviances, les injustices réelles. La critique interroge les fondements de la normativité sociale.

Avec l'aimable autorisation de William Harris

Avec l’aimable autorisation de William Harris

Sans être totalement en accord avec ces thèses, le travail de Serge Paugam et de Nicolas Duvoux fait écho à cette démarche. Sur la couverture apparaît une accroche : « Du RMI au RSA ». Au-delà de son caractère vendeur, cette formule illustre à la fois l’idée d’évolution et celle d’une histoire qui va être interrogée par les deux sociologues. L’intérêt est de voir les différentes constructions sociales qui ont conduit dans un premier temps à l’instauration du RMI (Revenu Minimum d’Insertion) puis à celle du RSA (Revenu de Solidarité Active) en France et de ce qui a pu être fait dans d’autres pays.

L’apport de cet ouvrage à la philosophie sociale est de montrer l’évolution du traitement de la pauvreté dans nos sociétés modernes et plus précisément au cours de ces trente dernières années. Ainsi, l’analyse du traitement de la pauvreté, comme « pathologie du social », nous ouvre une piste de réflexion vers ce que pourrait être une vie sociale réussie. Critiques à l’égard du RSA, nos deux penseurs essayent d’expliquer pourquoi cette solution ne réglera pas le problème de la pauvreté mais au contraire le renforcera à travers l’étude des constructions sociales et de ce qui a été dit en sociologie auparavant.

Présentation de l’ouvrage :

A vingt ans d’intervalle, chacun a soutenu une thèse en lien avec la réflexion sur les pauvres. La disqualification sociale de Serge Paugam évoquait les pauvres de Saint Brieuc tandis que L’injonction d’autonomie de Nicolas Duvoux abordait le thème des allocataires du RMI en région parisienne. Après avoir été l’élève de Serge Paugam lors de la rédaction de sa thèse, Nicolas Duvoux poursuit dorénavant ses propres recherches. Travaillant sur des thèmes différents mais pourtant proches avec leur propre point de vue, les deux sociologues ont pris l’habitude d’un dialogue constructif et enrichissant, qu’ils ont voulu diffuser au travers de ce livre.

Plus qu’un simple résumé synthétique des thèses des deux penseurs, la richesse de La régulation des pauvres est « d’interroger le mouvement d’ensemble de la pratique de la sociologie dans le domaine de la pauvreté »[1]. Le postulat de départ de ce livre est l’idée que la pauvreté naît avant tout d’un rapport social. C’est pourquoi il « intègre dans son analyse l’effet social du processus d’accumulation du savoir »[2]. Ainsi l’ouvrage est à la fois un questionnement des sociétés modernes à travers le traitement qu’elles réservent aux pauvres, plus précisément sur la construction de la régulation sociale, mais aussi une réflexion sur la sociologie, sur ses méthodes, ses postulats antérieurs et ses évolutions en ce qui concerne le thème de la pauvreté, etc.

Le livre est avant tout un dialogue entre les deux hommes mais afin de faire ressortir l’argumentation cette forme n’a pas été gardée pour cette fiche de lecture. Toutefois en cas de citation directe, le nom de l’auteur sera précisé. La partition en cinq chapitres a été maintenue car elle participe à l’illustration de l’évolution du débat. Onze encadrés sont présents dans l’ouvrage pour clarifier le propos des auteurs mais ne seront pas repris en détails ici.


[1] Introduction, p. 11.

[2] Idem

La régulation des pauvres :

1)      Chapitre 1 : À quoi servent les pauvres ?

Cette première partie revient sur la difficulté de définir la pauvreté qui est une notion complexe, changeante et dont le lien avec la société évolue également. C’est pourquoi la sociologie de la pauvreté « doit privilégier l’analyse des modes de construction de cette catégorie sociale et caractériser les relations d’interdépendance entre elle et le reste de la société »[3].

Ce chapitre est marqué par l’héritage des thèses de Simmel qui explique que l’on devient « pauvre », il y a un changement de statut social qui s’effectue dès lors qu’une personne devient assistée. C’est la « dernière strate » de la société. Simmel explique également qu’il n’y a pas de désintéressement total dans l’assistance. Elle est un « facteur de cohésion et d’équilibre de la société »[4]. D’où la question de l’utilité de la pauvreté pour les sociétés. Trois fonctions principales sont présentées : économique, les « pauvres » effectuent le travail dont personne d’autre ne veut, morale, ils encouragent les autres à plus de vertus, et culturelle au travers d’une valorisation de la société et de la charité.

Ces trois fonctions illustrent le lien étroit entre la pauvreté et la société à travers notamment l’assistance. Société à laquelle le sociologue appartient. C’est pourquoi Nicolas Duvoux aborde le thème du sociologue qui, dans son enquête, oscille entre empathie et mauvaise conscience vis-à-vis des personnes interrogées. Plus généralement, la question est celle du rôle de la sociologie et de sa responsabilité envers la société et ses membres. Serge Paugam conclut ce chapitre en définissant leur ligne de conduite : « il convient d’aboutir à une lecture réflexive et critique sur l’ensemble du processus de production du savoir sociologique et d’analyser la signification idéologique ou politique des résultats du travail empirique »[5].

2)      Chapitre 2 : De la disqualification sociale à l’échec de l’insertion ?

Constat est fait que la pauvreté continue de diminuer alors que le sentiment d’appauvrissement des classes moyennes est croissant. Dans les années 80, une nouvelle pauvreté est apparue. Auparavant elle touchait essentiellement les « inadaptés ». Dorénavant elle concerne plus de couches dans la société. Cette nouvelle pauvreté n’est pas que monétaire mais touche le cœur de l’intégration sociale : la stabilité de l’emploi. Malgré ce changement, « la pauvreté ne touche pas de façon égale tous les groupes sociaux »[6].

D’où la question de l’existence d’une « carrière morale des assistés ».  La conscience de cette carrière nécessite l’étude de l’évolution des rapports à l’assistance. Comprendre cette évolution c’est comprendre les conditions du passage d’une phase à l’autre du processus. Les déterminations sociales jouent un rôle dans ce processus mais il reste des marges d’autonomie. Cependant Nicolas Duvoux remarque que ce processus a lui-même évolué au travers de la responsabilisation des populations due à la « discipline d’autonomie ». C’est pourquoi pour étudier le rapport des pauvres avec l’assistance il faut interroger l’opposition à la responsabilisation que la société exige d’eux.

Cette carrière dépend également de facteurs structurels et de l’intensité des liens sociaux. L’expérience de la carrière de la pauvreté n’est pas la même selon les pays en fonction du système de protection sociale et de l’assistance. La France procède d’un statut particulier du fait de son héritage qui se caractérise par une dualisation de la protection sociale et une « pauvreté disqualifiante »[7]. Face à elle, la société française s’est focalisée sur la notion d’insertion illustrée par l’instauration du RMI en 1988. Proposé dans l’urgence, le RMI, base d’un droit global d’insertion, est devenu une solution durable. Le « Rmiste » est le statut le plus dévalorisant car il stigmatise une frange de la population qui reste en périphérie du marché de l’emploi sur le long terme.

3)      Chapitre 3 : L’usure de la compassion

La « durabilité » du RMI a conduit à une banalisation de cette aide. Dès le début des années 90 apparaît une hétérogénéité sociale des « Rmistes ». Cette banalisation s’est toutefois accompagnée d’une dénonciation du consumérisme des allocataires de minima sociaux. C’est la difficulté de l’articulation entre « droit » et « devoir » qui est interrogée. L’équilibre entre les deux dépend du marché du travail et des capacités des individus. L’échec de l’assistance va reporter sur les individus la responsabilité de l’échec collectif. Il s’agit d’une des deux explications de la pauvreté : la paresse. (L’autre étant l’injustice : les pauvres sont victimes d’un système global.)

Suivant la situation dans l’histoire, l’une des deux est privilégiée. Lorsque le chômage diminue l’explication de la paresse augmente (comme en 1993 et 2001). Ainsi les « Rmistes » apparaissent comme des fraudeurs dans l’esprit collectif d’où un ressentiment qui est relégué dans les médias. Axel Honneth parle de formes sociales de mépris[8] qui sont liées à la reconnaissance. La reconnaissance correspond à une autonomisation des individus qui en bénéficient. Elle devient un instrument d’intégration (rationnelle et justifiée) et même une idéologie (conservatrice). Cette reconnaissance implique une injonction à vivre dignement par l’apprentissage de l’autonomie et de la responsabilité qui passe par l’exposition de l’intimité de la personne.

La question de la reconnaissance est liée à celle du lien social et la protection. C’est la distinction « compter sur » et « compter pour ». Le désir de reconnaissance s’est accru d’une telle façon que les travailleurs sociaux se trouvent en difficulté. Ce désir de reconnaissance n’est-il pas le résultat de l’exigence de responsabilité ? Avec la volonté d’insertion, les pauvres doivent déjà être autonomes et responsables pour être aidés. Cette responsabilisation individuelle prend le pas sur la responsabilité sociale. Pourtant les deux sont complémentaires. Une interrogation du système social est nécessaire.

4)      Chapitre 4 : Les territoires de la solidarité

Nicolas Duvoux observe une tendance historique à faire porter les protections individuelles sur la solidarité nationale. Cependant dans les années 70, l’administration sociale se décentralise au profit des « départements-providence »[9]. Cette décentralisation a eu pour effet une dissociation de l’économique (région) et du social (département). D’où un désengagement financier des départements avec une responsabilisation croissante des acteurs situés au bas de l’échelle. Face à cela, Serge Paugam pense que nous devons « proposer des règles constitutives de la solidarité entre les membres de la société comprise comme tout (…) C’est par conséquent dans le cadre d’une solidarité nationale qu’il faut envisager une plus juste redistribution »[10].

Cette décentralisation est accentuée par l’existence de plusieurs niveaux institutionnels d’application de la solidarité (de la ville jusqu’à l’Union Européenne). Ce qui crée un brouillage des clivages structurants la société. « La volonté d’être plus proche des individus en souffrance est réelle mais dans la pratique l’intervention demeure catégorielle »[11]. L’inefficacité de l’action de l’Etat amène de nouveaux intervenants que sont les associations. Mais les cloisonnements institutionnels se retrouvent au sein des associations ce qui les empêchent également de penser le social dans sa globalité.

Pour illustrer ces questions, les auteurs vont prendre l’exemple de la question des minorités et des banlieues en France où il y a un processus de disqualification à la fois social et spatial. Dans ses banlieues, chacun est dans une phase différente et tient à se distinguer des autres, ce qui explique l’absence de solidarité. La mixité sociale proposée comme solution à ces banlieues a montré ses limites. C’est pourquoi Serge Paugam se prononce pour donner aux quartiers populaires les moyens de se prendre en charge.

5) Chapitre 5 : La précarité assistée : un nouveau régime de mise au travail ?

L’Etat providence est mis en difficulté par l’avènement de la société salariale et la recherche des responsabilités des agents à tous les niveaux de la hiérarchie. Cette nouvelle phase du capitalisme fait de la précarité des emplois la règle. Ainsi le système d’assistance varie selon les phases de développement économique. L’idée du RSA a émergé lors d’une période au faible taux de chômage. A travers le RSA, la société souhaite mettre en place, selon Serge Paugam, une frange d’emplois flexibles pour les pauvres qui, en cas de difficulté, peut facilement disparaître.

Cette politique a pour effet une précarisation croissante de l’emploi qui est entrée dans les mœurs du patronat. La précarisation contribue à modifier le droit du travail en instaurant une distinction entre les salariés, entre les « exclus » (précaires) et les « inclus ». Les auteurs craignent que la mise en place du RSA crée un statut de travailleur précaire assisté. Il y a un risque de « précariat »[12] des travailleurs. Problème : « les allocataires du RSA seront-ils définis socialement par leur activité ou leur rapport à l’assistance ? »[13].

Dans certains cas la reprise du travail entraîne une baisse de revenu, auquel cas on peut se demander quelle motivation pourrait avoir la personne à chercher un emploi ? Nicolas Duvoux estime que le sentiment de dépendance est insupportable et cela en raison de l’injonction d’autonomie présente dans la société mais différemment selon la situation de chacun. Le RSA met l’accent sur la dimension de l’emploi alors que l’insertion avec le RMI était multidimensionnelle. C’est le passage du « welfare » au « worfare »[14]. Ainsi en France cohabitent un mode de régulation corporatiste avec un maintien de la norme de l’emploi stable et un mode libéral de pauvreté.


[3] Serge Paugam, p.17.

[4] Serge Paugam, p.20.

[5] p.31

[6] Nicolas Duvoux, p.36.

[7] Voir encadré de Serge Paugam p.48.

[8] Encadré p.65.

[9] p.76.

[10] p.78.

[11] Serge Paugam, p.81.

[12] Serge Paugam, p.100.

[13] Serge Paugam, p.101.

[14] Nicolas Duvoux, p.107.

Conclusion

1)      Le travail du sociologue :

L’ouvrage commence par la définition de la pauvreté pour se terminer par celle du travail du sociologue. Cela illustre parfaitement le lien étroit que les auteurs ont construit entre ces deux notions. Dire que le thème de la pauvreté est un prétexte pour parler de leur métier serait exagéré mais la façon dont il est traité est un parfait exemple. Avec l’étude des thèses antérieures, dont les leurs, Serge Paugam et Nicolas Duvoux ont souhaité interroger la société mais aussi faire la critique de leur travail. Mais la critique du sociologue est « auto-limitée »[15] car celui-ci appartient toujours à la société qu’il étudie. Nos deux auteurs s’accordent à dire que la sociologie se doit d’être critique, ce qui s’inscrit dans la logique des penseurs comme Habermas, Adorno et Honneth. Cette critique n’est pas celle « de la contestation partisane ou militante, mais plutôt au sens du dévoilement des mécanismes invisibles ou inconscients à l’œuvre dans une société »[16].

Le sociologue se doit de dévoiler les « rouages cachés » de la société tout en gardant le contrôle sur ce qu’il a dévoilé pour que ses travaux ne soient pas détournés de leur but premier qui doit être clairement défini. Même si « le sociologue n’a pas pour vocation d’être un ingénieur social chargé de fournir des recettes aux planificateurs et aux décideurs »[17], Serge Paugam et Nicolas Duvoux apportent dans leur ouvrage des éléments de réponses qui vont plus loin que la seule critique.  Mais le travail critique qu’ils effectuent à la fois sur la construction des thèses antérieures et sur leur propre métier tend à les placer dans une philosophie sociale telle que l’a définie Axel Honneth.

2)      Critique personnelle :

Même si l’ouvrage se veut être un débat entre deux penseurs de même mérite, le rôle de professeur de Serge Paugam reprend souvent le dessus. S’il ne se présente tout de même pas en donneur de leçon, il est celui qui a le dernier mot à chaque chapitre et qui, dans l’ensemble, définit les grandes thèses. Cela est probablement dû à sa plus grande expérience mais le regard « neuf » de Nicolas Duvoux aurait pu être davantage mis en valeur. Dire qu’il se contente de faire avancer la discussion par ses questions, comme dans les dialogues socratiques, est néanmoins exagéré. Fort d’une expérience différente de celle de Serge Paugam, il apporte ses propres idées et théories qu’il ouvre à la critique. Ce que fait également Serge Paugam.

Sorte de remise à plat de leurs travaux antérieurs et en cours, nos deux penseurs ont tendance à oublier que ceux qui les lisent n’ont pas forcément consulté leurs ouvrages précédents et les encadrés ne suffisent pas à apporter toutes les clés pour une compréhension optimale de leurs propos. Les chapitres, probable obligation de l’éditeur, permettent de voir où en est le propos mais semblent toutefois inutiles pour un lecteur attentif et nuiraient presque au rythme même du dialogue.

Le grand apport de La régulation des pauvres ne porte pas tant sur les idées abordées sur le thème de la pauvreté que sur celles du métier de sociologue. La discussion entre les deux auteurs fait ressortir leur vision du métier de sociologue. Certes le lecteur était prévenu mais une personne souhaitant en savoir plus sur le thème de la pauvreté risque d’être déçue. Ce livre est un formidable appel à la lecture des écrits antérieurs des deux sociologues afin que le lecteur mette en œuvre sa propre critique.

3)      Discussion ouverte : le « précariat » et « l’invisibilité sociale » :

En guise de conclusion, nous aimerions suggérer un lien entre les thèses de Serge Paugam et Nicolas Duvoux d’un côté et celles de Guillaume Leblanc sur « l’invisibilité sociale » de l’autre. Pour rappel, Serge Paugam et Nicolas Duvoux ont défini la pauvreté comme provenant d’un certain type de rapport social. De la même façon, Guillaume Leblanc explique que l’invisibilité est une construction sociale. La reconnaissance sociale, thème cher à Serge Paugam, trouve un complément dans celui de l’invisibilité.

L’invisibilité sociale est définie comme absence de perception par Guillaume Leblanc. L’invisibilité provient d’une relégation de l’individu par le reste de la société. Construite par la perte d’une capacité, elle démobilise les ressources du corps et de l’esprit et rend problématique le pouvoir de participation et de modification dans un collectif. L’invisibilité se caractérise par un défaut de perception du potentiel d’une vie. L’invisibilité devient alors absence d’œuvre. Elle est un refus de reconnaissance. Faire œuvre c’est être perçu comme contribuant à l’activité d’une société.

Le problème est que tout travail n’est pas œuvre. Ainsi les travailleurs précaires tombent dans « l’invisibilité sociale » parce que leur activité n’est pas reconnue. Il serait possible d’en rester à une forme d’invisibilité où le travailleur est instrumentalisé. Mais cela va plus loin. La précarité de leur travail les empêche de construire tout lien social.  Les travailleurs précaires tombent alors dans le désœuvrement.  Leur travail n’est pas perçu comme une activité sociale. C’est un défaut de perception contre lequel Axel Honneth souhaite instaurer un processus social et moral de restitution de la reconnaissance. Processus que critique Serge Paugam car il ne s’intéresse qu’au « compter pour » alors que pour avoir une approche complète de la solidarité il faut également intégrer le « compter sur ».


[15] Nicolas Duvoux, p.114.

[16] Serge Paugam, p.114.

[17] Serge Paugam, p.113.

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