Marxismes français d'après-guerreSociété/Politiqueune

Le marxisme de Jean-François Lyotard

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Le marxisme de Jean-François Lyotard dans « SouB » et la guerre d’Algérie

Par Claire Pagès. Maître de conférences à l’Université de Tours, ICD – EA 6297, et ancienne directrice de programme au Ciph.

Résumé

Jean-François Lyotard est admis dans le groupe « Socialisme ou barbarie » en 1954 en même temps que Pierre Souyri. Lors de la scission du groupe en 1964, entre une « tendance » emmenée par Cornelius Castoriadis qui garde le nom « SouB » et un groupement composite qui prend celui de « Pouvoir Ouvrier », il rejoindra ce dernier dont il démissionnera ensuite en 1966. C’est en raison de sa connaissance du « sujet », parce qu’il revient de deux années en Algérie passées dans le Constantinois comme professeur de philosophie au lycée de garçons de Constantine, que Jean-François Lyotard (sous le pseudonyme de François Laborde) est chargé des questions algériennes dans la revue et, qu’entre 1956 et 1963, il rédige la chronique algérienne de « SouB ». Nous proposons de dégager ce qui singularise les analyses lyotardiennes de la guerre d’Algérie dans « SouB », qui se révèlent, pour partie, typiques de l’esprit du groupe, et, pour partie, caractéristiques de la sensibilité philosophique et politique de J.-F. Lyotard à l’époque.

Mots-clés

Lyotard, Socialisme ou Barbarie, Algérie, exploitation, lutte de libération, idéologie nationale

Introduction

En 1946, se regroupent quelques membres de la Section française de la IVe Internationale (trotskiste) sur la base d’une critique du trotskisme orthodoxe, parmi lesquels Cornelius Castoriadis et Claude Lefort[1]. Après avoir quitté l’organisation trotskiste, ils conçoivent le projet d’une Revue, Socialisme ou Barbarie, dont le premier numéro paraît en mars 1949[2]. Dans le groupe, on trouve des travailleurs et des intellectuels espagnols, américains, allemands, anglais, italiens qui avaient rompu avec la IVe Internationale à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le groupe prendra le nom de la revue[3]. Bimestrielle puis trimestrielle, celle-ci disparaîtra après la publication de son quarantième numéro en juin 1965. Mais les abonnés ne recevront qu’en juin 1967 un courrier motivant cette interruption.

Photographie par Daoud Abismail sur Unsplash

Jean-François Lyotard est admis dans le groupe en 1954 en même temps que Pierre Souyri. Claude Lefort, qui soupçonne et conteste la reconstruction d’un parti révolutionnaire au sein même du groupe, quitte « SouB » dès 1958 pour fonder avec Henri Simon le groupe « Informations et Liaisons ouvrières » (ILO), groupe qui deviendra en 1960 « Informations et correspondances ouvrières ». En 1964, une seconde scission se produit entre une « tendance » emmenée par Cornelius Castoriadis et qui garde le nom « SouB » et un groupement composite qui prend le nom de « Pouvoir Ouvrier » (qui comprend Jean-François Lyotard et Pierre Souyri, et dont Jean-François Lyotard démissionne ensuite en 1966). Ce groupe cessera, lui, d’exister en 1969.

Quand il entre à « SouB », qui est Jean-François Lyotard ? Né en 1924, il a trente ans. C’est un jeune professeur de philosophie au lycée – il enseignera en particulier au lycée de La Flèche (entre 1952 et 1956) – qui revient de Constantine en Algérie. À sa sortie de l’université, il a décidé de compléter sa culture philosophique en lisant deux auteurs alors exclus des programmes de l’enseignement supérieur : Thomas d’Aquin et Karl Marx, mais ayant, raconte-t-il, commencé par le second, il ne reviendra jamais au premier[4] ! Il est par ailleurs formé à la phénoménologie, auteur d’un « Que sais-je ? » sur La Phénoménologie publié en 1954. Dans les archives, datées des années 1950 et du début des années 1960, on trouve une série de travaux et de conférences consacrés au rapport entre phénoménologie et histoire : « Le problème de l’histoire dans la perspective phénoménologique » (1961), « Le concept de rationalité en Histoire et la philosophie phénoménologique » (1959), « Histoire et Phénoménologie »[5]. C’est ainsi comme phénoménologue plus que comme militant révolutionnaire qu’il est connu dans les années 1950 et au début des années 1960[6], ce qui permet de rappeler le peu d’audience dont disposaient le groupe et sa revue à l’époque[7].

Une fois admis à « SouB », écrit-il, « la lutte pour l’exploitation et l’aliénation devint toute ma vie »[8]. Il consacre pendant ces douze années tout son temps à la seule entreprise de « critique et d’orientation révolutionnaire » qui était celle de ce groupe et de sa revue[9], écrivant des notes et des études de politique, qui paraissent dans la revue, puis dans un journal ronéoté, Pouvoir ouvrier, distribuant le journal à la sortie des usines[10]. Dans cet engagement, Jean-François Lyotard identifie un vieux souhait d’éprouver le contact avec la matière concrète de l’histoire, d’aller à la rencontre des événements[11]. Il cesse à peu près toute activité de recherche qui ne soit pas liée à la cause, et le retour à la publication universitaire viendra avec la fin de la militance.

En raison de leur connaissance des sujets, Jean-François Lyotard (sous le pseudonyme de François Laborde) et Pierre Souyri (sous celui de Pierre Brune) sont chargés respectivement des questions algériennes et chinoises dans la revue. C’est ainsi qu’entre 1956 et 1963, il « écrit durant sept ans la chronique algérienne de Socialisme ou Barbarie »[12].

I. Socialisme ou barbarie

De « SouB », je me contenterai ici de rappeler les principales caractéristiques. Le groupe porte le nom de la revue qu’il publie, nom transparent à l’époque, mais que Jean-François Lyotard, quand il y revient dans les années 1987-1988, croit devoir expliciter : « ce nom était une phrase, “Socialisme ou barbarie”. Il est utile de préciser aujourd’hui qu’elle signifiait une alternative : ou bien ce serait le socialisme, ou bien l’on était condamné à la barbarie »[13]. L’expression vient de Rosa Luxemburg qui, avec les luxemburgistes, formule ainsi l’alternative devant laquelle l’humanité se trouve placée. Restait à définir ce que le groupe pouvait entendre alors par « socialisme ».

« SouB » se définit comme un groupe révolutionnaire. Il s’agit en réalité d’une organisation à la fois politique et théorique, dotée d’une pratique et d’une théorie critique : critique de toutes les variantes connues du socialisme et de la lutte des classes, réformiste, anarchiste, trotskiste, stalinienne. Critique en particulier de toutes les formes de devenirs bureaucratiques. « SouB » offrait donc, selon l’expression de Cornelius Castoriadis, une analyse du « destin historique du marxisme »[14]. C’est pourquoi Miguel Abensour[15] mais aussi Jean-François Lyotard ont pu comparer l’objectif du groupe « Socialisme ou barbarie » à celui, dans le passé, de la « Théorie critique » de la première École de Francfort. Il s’agissait, d’une façon générale, de pointer comment un projet émancipatoire se retourne dialectiquement en son contraire, en une entreprise de domination, et de dénoncer les formes les plus cachées et pernicieuses de ce renversement. Theodor W. Adorno et Max Horkheimer l’avaient fait avec les Lumières mais aussi avec le marxisme de leur temps. « SouB » travaillera pour sa part à analyser le retournement en son contraire du projet soviétique. Ainsi Cornelius Castoriadis discernera dans l’Union soviétique une forme de « capitalisme d’État », qui aurait rompu avec la propriété privée mais qui, paradoxalement, aurait vu en son sein se renforcer les formes de pouvoir et de domination capitalistes[16].

Une forme de spontanéisme caractérisait encore « SouB », d’où la référence cruciale à Rosa Luxemburg. Cet « organe de critique et d’orientation révolutionnaire » se présente comme instrument à destination de « l’avant-garde des ouvriers manuels et intellectuels ». Mais la réflexion internationaliste sur les « idées directrices de l’émancipation des travailleurs » ne mène pas le groupe à vouloir diriger leurs luttes. Il s’agit d’être à l’écoute de l’inventivité de celles-ci – « leur apporter les moyens de déployer la créativité qui s’y exerce, et d’en prendre conscience pour qu’elles se dirigent d’elles-mêmes »[17] ; de régénérer la trame des idées directrices des travailleurs mais sans intervenir de l’extérieur, en se mettant à l’écoute de la logique immanente des luttes.

Au nombre des tâches que se proposait la critique marxiste radicale de « SouB », « analyser la dynamique des luttes dans les pays sous-développés »[18]. D’où la nécessité d’une chronique algérienne.

II. Lyotard et l’Algérie

Pourquoi Jean-François Lyotard se trouve-t-il en charge des questions algériennes ? C’est qu’il connaît non seulement l’histoire algérienne mais qu’il a vécu deux années en Algérie (« deux années dans le Constantinois »). Il a en effet été nommé professeur de philosophie au lycée de garçons de Constantine, qui est alors le chef-lieu d’un département français en Algérie[19], en 1951. À Constantine, raconte-t-il près de trente ans plus tard, ce jeune professeur qu’il était 

(…) se met en même temps à militer dans les syndicats et prend contact avec les mouvements algériens de libération. Il est novice en militantisme politique et fasciné par la force théorique et pratique du matérialisme dialectique. Il acquiert la certitude qu’une société contradictoire au plus haut point comme est alors l’Algérie, où l’injustice est partout flagrante, ne peut pas manquer, à terme, de trouver la résolution de son aporie, quels que soient les moyens.[20]

C’est à Constantine qu’il rencontra Pierre Souyri, qui avait pris son premier poste de professeur d’histoire en septembre 1949 à Philippeville en Algérie. Il fit sa connaissance après une réunion syndicale. Au début des années 1990, à l’occasion d’une conférence, il évoque encore la rencontre décisive avec l’un de ses élèves, du nom de Bouziane :

(…) ce fut lui qui m’apprit l’Algérie de 1951, l’improbable tissu culturel et social, l’odieuse suffisance des administrateurs, le paternalisme méprisant des Français de souche et l’ignorance des métropolitains comme moi, aberration du P.C. Algérien (« les indépendantistes sont à la solde des grands colons » ; cette absurdité, je pouvais en expliquer le motif à l’élève), et la résolution encore secrète qui prenait corps après la déportation de Messali Hadj à Bréhat, la décision qu’il allait falloir se battre en armes. Ce jeune bicot délicat, plein de gaîté, qui lisait Merleau-Ponty, fut tué sept ans plus tard à la tête de son groupe de maquisards près de Soukh Ahras, anciennement Tagaste, la patrie d’Augustin le Saint.[21]

Le rapport de Jean-François Lyotard à l’Algérie est pour ainsi dire stratifié. Il y a l’expérience algérienne proprement dite, expérience cruciale dont Lyotard écrira qu’« elle eut pour [lui] l’importance de ce qui initie directement au politique »[22]. Or, cette expérience, nous y reviendrons, est d’abord expérience de la souffrance :

Qu’est-ce que c’est que cette misère pour un regard non prévenu ? où sont ses remèdes ? N’importe qui, ayant entendu psalmodier le mendiant nu (…) sur le pont Sidi Rached à Constantine, ayant vu des nourrissons morts au sein cireux des Bédouines accroupies parmi les passants dans la médina de Tunis, quiconque ayant subi à Touggourt l’assaut des garçons tuberculeux, des mouches qui entrent dans leurs bouches et dans leurs yeux, ayant supporté le spectacle de ces marchés de famine, chacun donc, cette question lui vient et ne peut pas ne pas lui venir. Ce n’est pas là affaire de cœur, ce n’est pas la particularité de l’observateur qui fait qu’il résonne ou qu’il ne résonne pas ; c’est au contraire par ce qu’il y a d’universel en lui (…).[23]

Il y a ensuite les analyses de la situation algérienne qui paraîtront dans « SouB » (treize textes, publiés entre 1956 et 1963, réunis depuis 1989 dans La Guerre des Algériens). La documentation amassée pour instruire ce dossier est stupéfiante. On trouve dans les archives des milliers de pages de notes, de notes de lectures sur l’histoire de la colonisation, au Maghreb et ailleurs, mais aussi sur l’histoire de l’Islam depuis le xie siècle (par exemple, un énorme dossier dans les « Documents de travail et Cours » intitulé « Questions coloniales Maghreb-Islam »[24]).

Mais, Jean-François Lyotard évoquera également la guerre d’Algérie de façon rétrospective, alors qu’il aura abandonné la perspective marxiste. Des textes de mémoire évoquent l’Algérie, textes qui ont la caractéristique d’être écrits depuis la rupture, rupture douloureuse avec le marxisme, comme « Mémorial pour un marxiste » (paru initialement dans Esprit en janvier 1982 sous le titre « Pierre Souyri, le marxisme qui n’a pas fini ») dans Pérégrinations (texte consacré à P. Souyri), « Note : Le nom d’Algérie » (1989) ou « La guerre des algériens, suite » (1995). Mais la façon dont il est fait mention des luttes d’indépendance dans les textes consacrés aux questions postmodernes indique déjà le changement de perspective.

Le grand récit marxiste de l’émancipation de l’exploitation et de l’aliénation par la socialisation du travail – émancipation progressive ou catastrophique du travail (source de la valeur aliénée dans le capitalisme) – à l’instar des autres grands récits aurait placé la légitimité dans une idée universelle à faire advenir, dans la contribution apportée à l’émancipation de l’humanité. Ces récits – typiquement modernes – présupposent l’existence d’une voix étouffée dans le discours de la « réalité » : il s’agit en l’occurrence de replacer le prolétaire affranchi, sans sa position de sujet, indûment usurpée par l’imposteur. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles ces grands récits sont tombés en discrédit, plusieurs raisons de la défaillance de la modernité, de la chute de la métaphysique, aurait dit Theodor W. Adorno. Mais parmi elles, Jean-François Lyotard inscrit une forme de résistance, celle de « la multiplicité des mondes de noms » ou de la « diversité insurmontable des cultures »[25]. Ainsi le projet moderne de faire parler les hommes d’une même voix a échoué : le dépassement complet ou la résorption du particulier dans l’universel ne peut avoir lieu. Jean-François Lyotard en donne deux exemples, exemples de repliement sur la légitimité locale ou de résistance de celle-ci :

L’exemple du mouvement ouvrier est plus particulièrement probant quant à son échec. Son internationalisme de principe signifiait exactement que la lutte de classe ne recevrait pas sa légitimité de la tradition populaire ou ouvrière locale, mais d’une Idée à réaliser, celle du travailleur émancipé de la condition prolétarienne. Or on sait que, dès la guerre franco-allemande de 1870-1871, l’Internationale a buté sur la question de l’Alsace-Lorraine, qu’en 1914 les socialistes allemands et français ont voté respectivement les budgets nationaux de guerre, etc. Le stalinisme en tant que « socialisme dans un seul pays » et la suppression du Kominterm ont ouvertement entériné la supériorité du nom propre national sur le nom universel de soviets. La multiplication des luttes d’indépendance depuis la seconde guerre mondiale et la reconnaissance de nouveaux noms nationaux semblent indiquer le renforcement des légitimités locales et la disparition d’un horizon universel d’émancipation.[26]

Si le grand récit marxiste d’émancipation butte sur les légitimités locales, ces dernières avaient déjà fait sentir leur résistance, quand Jean-François Lyotard livrait pour « SouB » de la guerre d’Algérie une analyse marxiste – nous allons y venir.

Il reviendra aussi sur son rapport à l’Algérie en 1995, lors d’une conférence « La guerre des Algériens, suite », prononcée à la Maison des écrivains lors d’un colloque « Algérie-France, regards croisés », c’est-à-dire depuis le retour de la question algérienne, depuis la crise de 1993, depuis la guerre civile sanglante qui a marqué les années 1990 en Algérie :

Trente ans après la fin de la guerre de l’indépendance, une guerre civile a commencé en Algérie. J’ai accompagné la première par le geste, et par la critique politique, sociale, révolutionnaire. Quant à la seconde, je me sens dépourvu : les moyens d’une approche critique radicale font défaut, en l’absence d’une perspective alternative pratique, internationale et locale. L’analyse de la situation algérienne reste possible, mais elle a cessé d’être le moment qui permet d’orienter une pratique. (…) Aucune situation aujourd’hui, aussi critique soit-elle à la périphérie des pays riches, ne menace l’état des choses, n’annonce la révolution. Le mot sonne creux. On ne peut pas analyser les événements d’Algérie à partir de cette perspective. Du moins ce pays reste pour quelques-uns, dont je suis, un objet de transfert ou, si l’on veut, d’amour. Le souci que procure la grâce de la beauté jointe à la disgrâce du sort peut guider l’analyse, sait-on, aussi bien que l’engagement politique. (…) Pendant la guerre de libération, il était à l’évidence juste de soutenir, comme un Français pouvait le faire et comme un militant marxiste révolutionnaire le devait, de soutenir la lutte des Algériens pour imposer leur nom à l’impérialisme, et non moins évidemment juste de les aider aussi en critiquant la bureaucratie inconsistante qui dirigeait leur lutte et prétendait gouverner leur pays libéré. Ce que nous fîmes. Dans la guerre civile actuelle, le pouvoir de ladite bureaucratie a fait depuis trente ans la preuve de son impotence…[27]

III. La guerre des Algériens

Qu’est-ce qui caractérise les analyses lyotardiennes de la guerre d’Algérie dans « SouB » ? Elles sont pour partie typiques de l’esprit du groupe. Pour partie, elles spécifient la sensibilité philosophique et politique de Jean-François Lyotard à l’époque. À dessein, j’insiste davantage sur les textes des années 1950 pour tenir compte du moment historique ici défini pour l’étude du marxisme français. Le cadre des analyses lyotardiennes de la guerre d’Algérie est un peu différent, dicté par les grandes scansions du conflit : les textes courent ainsi de 1956 à 1963 (au lendemain de l’Indépendance).

1. Il s’agit d’abord de faire le procès de l’impérialisme et de la colonisation française en Algérie, impérialisme violent et infâme, dit Jean-François Lyotard, impérialisme pourrissant qui est un impérialisme de classe, celui de la bourgeoisie française[28] :

Peu de peuples ont été désastrés comme l’algérien par les Français : rendu impropre à sa simple survie par l’expropriation et la misère, étranger à son nom par l’ignorance et l’offense, étranger même à sa langue et à son histoire par une fiction de citoyenneté française.[29]

2. Première cible de la critique : la position des communistes français du PC sur l’Algérie. Telle que Lyotard la présente, la tactique du PC et de Moscou – le PC français est très faible en Algérie dans les années 1950 – est assez simple : il s’agit de maintenir prioritairement les liens avec la métropole, c’est-à-dire de maintenir l’Algérie dans l’orbite de la domination française, pour éviter toute extension de l’impérialisme américain en Algérie et ménager une chance à la succursale algérienne du PC français. D’où le sabotage de la lutte contre la guerre d’Algérie depuis 1954 par le PCF et le caractère absolument formel du soutien apporté par celui-ci au FLN. Ainsi, le PCF préfèrerait aider l’impérialisme français à se maintenir en Algérie que de le voir déloger par l’impérialisme américain[30].

3. Il s’agit deuxièmement d’une analyse marxiste de la guerre d’Algérie. Elle pose qu’« il n’y a pas d’autre contraire à l’exploitation que le socialisme »[31], d’autre contraire à l’exploitation de la société algérienne par l’impérialisme français et la bourgeoisie française. La société algérienne est contradictoire et le développement rapide de la situation dépend de ces « contradictions algériennes »[32] (davantage de contradictions internes que d’un contexte géopolitique). La situation algérienne, fin 1959 – début 1960, est « révolutionnaire » au sens où « les hommes ne vivent plus selon les institutions formellement dominantes » car « la rupture durable et ouverte d’une classe ou d’un ensemble de classes avec la structure de la société revêt nécessairement une signification révolutionnaire »[33]. Cela ne signifie pas que la révolution soit faite. Reste à instituer de nouveaux rapports, à détruire la classe dominante. Bien plus, il semble que la société algérienne présente une organisation telle que les contradictions ne puissent aboutir. Si la lutte armée possède en particulier un contenu révolutionnaire, la situation ne parvient pas néanmoins à maturité et le schéma de la révolution permanente reste inapplicable. Enfin, on reconnaît là le marxisme de « SouB », il ne s’agit pas de diriger, d’orienter ou d’éclairer cette lutte révolutionnaire mais de souhaiter que

(…) les travailleurs coloniaux interviennent eux-mêmes, pratiquement et directement, dans la transformation de leur société, qu’ils brisent effectivement, sans en demander à personne la permission, les rapports qui les écrasaient, et donnent, à tous les exploités et tous les exploiteurs, l’exemple de l’activité socialiste en personne : la récupération de l’homme social par lui-même.[34]

4. Typiques de « SouB », les analyses lyotardiennes de la guerre d’Algérie mettent en avant la critique de la bureaucratie et de la reconstitution subreptice d’une bureaucratie à la tête du soulèvement national. En effet, Le FLN n’est en rien pour Jean-François Lyotard l’incarnation du prolétariat algérien. Il constitue une forme de front national et réunit des paysans, ouvriers, employés, petits-bourgeois et possède une direction bourgeoise32. Entre les paysans et les cadres de cette direction, des signes d’un conflit de classe seraient déjà perceptibles. Les cadres sont en réalité bourgeois, ce que laisse paraître la pauvreté idéologique du programme[35]. L’Algérie peut alors compléter la liste de ces sociétés qui, en dépit de l’existence d’une lutte émancipatrice porteuse d’un sens révolutionnaire, sont le lieu de formation d’une nouvelle bureaucratie[36]. Et cette bureaucratie, quelle que soit sa provenance, ici une provenance nationale, possède toujours, affirme Jean-François Lyotard, une nature de classe. Le risque principal qui menace les Algériens est alors que la lutte d’indépendance ne débouche que sur un simple changement dans le régime d’exploitation, consistant spécifiquement dans « la consolidation d’un régime militaire »[37], dans la constitution d’une bureaucratie militaire et politique, ce en quoi Jean-François Lyotard a vu juste. Seule solution face à cette constitution de nouveaux exploiteurs nationaux, une solution de classe : l’appropriation directe des terres par les paysans[38].

5. Conformément à la démarche de « SouB », l’analyse d’une situation et celle d’un retournement en son contraire d’un projet d’émancipation doit conduire le marxisme à des aménagements conceptuels. Si, comme l’écrit Jean-François Lyotard en 1958 de la guerre d’Algérie, « la gauche française y perd son marxisme »[39], c’est que les termes de ce marxisme exigent d’être modifiés. En l’occurrence, c’est la composante nationale de la guerre qui doit faire réfléchir. Jean-François Lyotard tente d’expliquer tout ce qui, en Algérie, a empêché la formation d’une conscience de classe. Joue un rôle la faiblesse économique et sociale de la bourgeoisie algérienne[40]. Intervient surtout le fait que les frontières de classes sont recouvertes par les frontières « ethniques », enfouies profondément sous les frontières nationales, les antagonismes de classes enfouis dans la société coloniale. La lutte se situe sur le plan national, prend pour cible l’impérialisme français et vise l’indépendance qui se trouve instanciée comme contraire de l’exploitation[41] : la conscience de l’aliénation ne peut ainsi d’abord qu’être nationale[42]. Cela ne signifie nullement que le concept de classe soit à abandonner, mais que l’analyse doit se donner pour objet la compréhension de ce qui marque les rapports objectifs de classes, à savoir qu’une direction pourtant bourgeoise se montre capable de mobiliser toutes les classes algériennes dans la lutte pour l’indépendance. Pourquoi la lutte algérienne n’a-t-elle pas trouvé dans la formulation que lui donne le Front un contenu de classe manifeste ? C’est aussi en raison du vide social ou du fait que la société algérienne ne possédait pas une classe ouvrière constituée pour être le support unique du nationalisme et prendre les armes[43].

Dès 1958, Jean-François Lyotard met en garde contre la résistance et l’enracinement de cette idéologie nationale, bien que floue, qui est vécue par la société algérienne comme une réponse unanime à l’impérialisme français. La profondeur de ce vécu doit faire échec à toutes ses tentatives d’objectivation : « Il faut en finir avec un certain marxisme de patronage : une idéologie n’a pas moins de réalité, même et surtout si elle est fausse, que les rapports objectifs auxquels ce marxisme veut la réduire. »[44] Il y a là un trait de la méthode lyotardienne (qu’on retrouvera en particulier dans le texte de 1969 contre Louis Althusser[45]) : l’exigence de partir de l’expérience sociale présente, prise au sérieux telle qu’elle se donne, pour construire ensuite la théorie. C’est aussi une leçon qu’il dit tenir de Maurice Merleau-Ponty. Dans « Marxisme et philosophie », celui-ci a en effet défendu la thèse de la réalité de l’idéologie, la conviction que l’idéologie n’a rien d’illusoire ni d’apparent mais renvoie la réalité des structures à leur origine, à ce qui leur donne sens, dans l’expérience vécue et sentie des valeurs[46]. C’est ainsi à condition de reconnaître la dimension non de reflet ou de représentation des idées mais d’expérience, que l’histoire peut être comprise, en appréhendant aussi son sens comme celui que les hommes lui donnent en vivant – et ils la vivent de façons diverses[47].

Deuxièmement, l’internationalisme doit se trouver questionné par cette autre résistance de la question nationale que souligne Jean-François Lyotard en 1958 : ces dernières années, on n’a jamais vu débrayer pour la guerre d’Algérie, la classe ouvrière française ne s’est pas battue contre la guerre d’Algérie. Il y a là un fait indéniable qui dément le schéma marxiste révolutionnaire d’une solidarité spontanée des prolétariats avec les opprimés de toutes sortes, d’une conscience aigüe de la convergence des différentes luttes de libération. Or il n’y a pas eu de solidarité du prolétariat français avec la lutte du peuple algérien et, plus généralement, force est de constater, écrit Jean-François Lyotard, l’absence de solidarité des prolétariats des vieilles nations capitalistes avec le mouvement des jeunes nations colonisées[48].

La prise en compte de la dimension nationale de la lutte possède néanmoins une limite. Si Jean-François Lyotard sait ménager la part qui lui revient à cette question, le nationalisme algérien se trouve néanmoins réduit à un produit de l’exploitation capitaliste, s’explique socialement et politiquement par les conditions d’exploitation de la paysannerie, écartant ainsi toute analyse de la culture, de la religion, etc. Ce nationalisme résulte des différentes formes d’aliénation dont la colonisation française en Algérie est responsable (confiscation des moyens de production, sabotage des moyens de compréhension, humiliation, etc.) : « on ne fabrique pas impunément du profit au taux de 70% en l’extrayant, sous forme de sueur et de mort, de millions de travailleurs dépossédés »[49]. La nation est présentée comme offrant une forme de solidarité à ces hommes broyés par le colonialisme français : « le nationalisme, dans les pays colonisés, est la réponse que la population finit par donner à la désocialisation profonde que l’impérialisme y produit. »[50] Et à propos du caractère national de la lutte :

Inutile, pour [le] comprendre, d’aller chercher l’héritage spirituel des tribus arabes ou le bellicisme congénital de l’âme musulmane. Ce sont des hypothèses à la fois bien grosses et bien légères, et que dément l’observation de n’importe quelle paysannerie placée dans les mêmes conditions d’exploitation.[51]

6.L’analyse est soucieuse de la singularité ou de la spécificité du cas algérien. C’est là un trait de la pensée lyotardienne : accueillir l’événement, juger sans critère. Non seulement les situations en Algérie et en Russie n’ont rien à voir[52], mais Jean-François Lyotard présente également toutes les différences de structures entre Algérie, Tunisie et Maroc[53]. Il se penche sur l’histoire de l’Algérie musulmane et l’histoire de la colonisation pour spécifier à chaque fois la situation algérienne. L’écoute de cette singularité du cas algérien implique de laisser ouverte la perspective de la révolution algérienne. Il y a là une tension interne au propos. À la fois, pour reprendre les mots de Jean-François Lyotard, il n’y a pas d’autre alternative à l’exploitation que le socialisme, et on ne peut pas définir par avance la perspective de la révolution algérienne comme socialisme[54].

Revenant à la fin des années 1980, dans « Touches », sur ses analyses de la guerre d’Algérie dans « SouB », Jean-François Lyotard rappelle le souci qui était déjà le sien de ne pas en anticiper l’issue au moyen d’un scénario marxiste déjà écrit, de ne pas résoudre par avance les contradictions de l’expérience présente. Contradictions il y avait, et le groupe se divisait sur le soutien à apporter à la révolution algérienne. D’un côté, comment soutenir le Front de libération nationale, qui contrôlait la lutte des Algériens, quand le groupe se donnait pour tâche de critiquer toutes les organisations qui faisaient obstacle au libre développement des luttes de classes et d’encourager le spontanéisme des travailleurs ? Ici est aussi en jeu le fait de se distinguer du soutien apporté par Jean-Paul Sartre au FLN. De l’autre, comment ne pas soutenir un mouvement de libération ?

Oui, les Algériens avaient le droit, et même le devoir, d’être libres, de former une communauté indépendante, égale aux autres, qui disposerait de son nom propre et se faire reconnaître comme telle – et nous devions, en conséquence, les soutenir. Mais, d’autre part, leur lutte n’avait aucune chance d’aboutir au genre de démocratie ouvrière que nous croyions juste. On pouvait au contraire prédire qu’elle produirait sûrement une nouvelle société de classe, à direction militaire-bureaucratique. Pourquoi, dès lors, encourager la venue au pouvoir de nouveaux exploiteurs ?[55]

Jean-François Lyotard refusait de résoudre la contradiction. Incertain, il doutait déjà que la libération de l’Algérie puisse signifier la résolution des contradictions du pays.

Conclusion

Très vite l’incertitude s’accroit. Contemporaine de sa démission de « Pouvoir ouvrier », une monographie dont l’Avant-propos porte la date du 8 juillet 1966, Le Seuil de l’histoire, indique que les catégories marxistes d’analyse, à commencer par celle de dialectique, commencent à être abandonnées pour comprendre le mouvement de décolonisation. Le texte, dans sa première partie, « Le paysan et l’histoire », semble aborder la lutte algérienne de libération dans le cadre d’une analyse des soulèvements paysans qui jalonnent l’histoire de l’impérialisme et auxquels il faudrait se garder de conférer une signification moderne, en leur prêtant une intention de transformation de la société, en historicisant une organisation traditionnelle :

Aux guerres de libération les plus sanglantes et les plus longues peut succéder le calme plat. La déception que l’Algérie a provoquée après 1962 en est une illustration récente. (…) L’erreur de Fanon (1921) fut de croire qu’une contestation radicale du fait colonial comme l’était l’insurrection des Algériens en 1954 pouvait se prolonger en contestation radicale de toutes les formes de domination, qu’ainsi la guerre de libération nationale pouvait se poursuivre en un processus de libération totale. La vérité est que le paysan peut se battre à mort contre l’étranger et ses associés sans réviser les rapports sociaux traditionnels, aussi détériorés soient-ils du fait de la colonisation (…).[56]

C’est l’analyse d’un rendez-vous manqué entre la lutte nationale et la révolution dont Jean-François Lyotard fait le récit dans ses chroniques algériennes. Certes, le problème de l’Algérie coloniale était la conquête de l’identité algérienne et non celui du socialisme comme mouvement vers une société sans classes. Pourtant, à l’époque, ce constat s’accompagne de la conviction que, laborieuses, les masses algériennes resteront confrontées au problème crucial de l’exploitation, si bien que la révolution reste à faire[57]. C’est cette dernière conviction qui peu à peu va quitter Jean-François Lyotard.


[1] Nous tenons à remercier la bibliothèque Jacques Doucet (Paris). Les archives du fonds Jean-François Lyotard que nous avons pu y consulter nous ont permis de documenter ce travail.

[2] Voir « Socialisme ou barbarie ». Anthologie : grèves ouvrières en France (1953-1957), Acratie, 1985. Il est possible d’accéder en ligne aux textes des différents numéros sur le site http://soubscan.org/index.html ou sur le site d’Archive Autonomies http://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique389.

[3] Par commodité, nous désignerons le groupe par l’abréviation entre guillemets « SouB ».

[4] Jean-François Lyotard, « Touches », in Pérégrinations (Conférences de 1986), Paris, Galilée, Débats, 1990, p. 54.

[5] Jean-François Lyotard, Manuscrit de 148 feuillets (1959-1961). Bibliothèque Jacques Doucet JFL 392-JFL 394.

[6] Invité en 1961 à donner la conférence « Le problème de l’histoire dans la perspective phénoménologique », il est présenté ainsi : « Connu des philosophes par son excellent petit livre, La Phénoménologie, plus que par sa collaboration à la Revue Socialisme ou barbarie… ».

[7] Nous nous permettons de renvoyer à l’entretien avec Vincent Descombes publié (p. 80- 92) dans le no 96 de Rue Descartes (2019/2) consacré à « Socialisme ou barbarie », disponible sur Cairn https://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2019-2-page-80.htm et sur le site de Rue Descartes

http://www.ruedescartes.org/numero/?numero=RDES_096.

[8] Jean-François Lyotard, « Touches », art. cit.

[9] Jean-François Lyotard, « Mémorial pour un marxisme : à Pierre Souyri », in Pérégrinations, op. cit., p. 95.

[10] Concernant les activités de Jean-François Lyotard pour aider des militants algériens à gagner la France, voir « Algeria and After » dans Kiff Bamford, Jean-François Lyotard, Reaktion Books, Critical Lives, 2017, p. 42-46.

[11] Jean-François Lyotard, « Touches », art. cit.

[12] Ibid. Sur ce sujet, on consultera les articles d’Amparo Vega « Socialisme ou Barbarie et le militantisme de Lyotard », Cité, no 45, « Lyotard politique », 2011, p. 31-43, et de Marie Goupy, « Lyotard et la guerre d’Algérie. La guerre et la révolution », in Claire Pagès (dir.), Lyotard à Nanterre, Paris, Klincksieck, « Continents philosophiques », 2010, p. 225-237.

[13] Jean-François Lyotard, « Touches », art. cit., p. 39.

[14] Cornelius Castoriadis, « Marxisme et théorie révolutionnaire », in L’Institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, « Points Essais », 1975, p. 17. Le texte fut d’abord publié dans SouB entre avril 1964 et juin 1965, dans les nos 36 à 40.

[15] Miguel Abensour, La Communauté politique des « tous uns », Entretien avec Michel Énaudeau, Paris, Belles Lettres, 2014, p. 35.

[16] Nous nous permettons de citer notre contribution, « Quelques remarques sur une comparaison entre l’École de Francfort et Socialisme ou barbarie » (p. 127-150) au no 96 de Rue Descartes, op. cit.

[17] Jean-François Lyotard, La Guerre des Algériens, Écrits 1956-1963, Paris, Galilée, « Débats », 1989, p. 34.

[18] Jean-François Lyotard, « Mémorial pour un marxisme… », art. cit., p. 123.

[19] Jean-François Lyotard, « Nuages », in Pérégrinations, op. cit., p. 16

[20] Jean-François Lyotard, « Touches », art. cit., p. 54.

[21] « La guerre des Algériens, suite », p. 4, dans les archives Jean-François Lyotard de la bibliothèque Jacques Doucet (JFL 287. Manuscrit tapé [intervention du colloque]).

[22] Jean-François Lyotard, « Mémorial pour un marxisme : à Pierre Souyri », art. cit., p. 134.

[23] Bibliothèque Jacques Doucet JFL 437/1 « Questions coloniales » (pochette no 2, 2e liasse).

[24] Bibliothèque Jacques Doucet JFL 437.

[25] Jean-François Lyotard, Le Postmoderne expliqué aux enfants, Galilée, « Débats », 2005.

[26] Jean-François Lyotard, « Missive sur l’histoire universelle », in Le Postmoderne expliqué aux enfants, op. cit., p. 57-58.

[27] Jean-François Lyotard, « La guerre des Algériens, suite », bibliothèque Jacques Doucet, JFL 287, Manuscrit tapé, p. 1-2 ; p. 8-9.

[28] Jean-François Lyotard, « Les comptes du “gérant loyal” » (SouB 22, juillet-septembre 1957), in La Guerre des Algériens, op. cit., p. 85.

[29] Jean-François Lyotard, « La guerre des Algériens, suite », JFL 287, p. 3.

[30] Jean-François Lyotard, « La situation en Afrique du nord » (SouB, janvier-Mars 1956), in La Guerre des Algériens, op. cit., p. 48-49 ; « Nouvelle phase dans la question algérienne » (SouB 21, mars-mai 1957), in La Guerre des Algériens, op. cit., p. 66-67 ; « Mise à nue des contradictions algériennes » (SouB 24, mai-juin 1958), in La Guerre des Algériens, op. cit., p. 103.

[31] Jean-François Lyotard, « La situation en Afrique du nord », art. cit., p. 46.

[32] Jean-François Lyotard, « Nouvelle phase dans la question algérienne », art. cit., p. 65.

[33] Jean-François Lyotard, « Le contenu social de la lutte algérienne », (SouB 29, décembre 1959-février 1960), in La Guerre des Algériens, op. cit., p. 128.

[34] Ibid., p. 163.

32 Jean-François Lyotard, « Mise à nue des contradictions algériennes », art. cit., p. 103.

[35] Jean-François Lyotard, « Nouvelle phase dans la question algérienne », art. cit., p. 74.

[36] Jean-François Lyotard, « Le contenu social de la lutte algérienne », art. cit., p. 162.

[37] Jean-François Lyotard, « La bourgeoisie nord-africaine » (SouB 20 décembre 1956-février 1957), in La Guerre des Algériens, op. cit., p. 62.

[38] Jean-François Lyotard, « La situation en Afrique du nord », art. cit., p. 50.

[39] Jean-François Lyotard, « Mise à nue des contradictions algériennes », art. cit., p. 102.

[40] Jean-François Lyotard, « Le contenu social de la lutte algérienne », art. cit., p. 142.

[41] Jean-François Lyotard, « La situation en Afrique du nord », art. cit.,

[42] Jean-François Lyotard, « Mise à nue des contradictions algériennes », art. cit., p. 107.

[43] Jean-François Lyotard, « Le contenu social de la lutte algérienne », art. cit., p. 148.

[44] Jean-François Lyotard, « Mise à nue des contradictions algériennes », art. cit., p. 91.

[45] Jean-François Lyotard, « La Place de l’aliénation dans le retournement marxiste », texte qui paraît dans le no 277-278 des Temps modernes d’août-septembre 1969, repris dans Dérive à partir de Marx et Freud, Paris, 10/18, 1973.

[46] Maurice Merleau-Ponty, « Marxisme et philosophie », in Sens et non-sens, Paris, Nagel, « Pensées », 1948, p. 233.

[47] Jean-François Lyotard, La Phénoménologie, Paris, PUF, « Quadrige », 2011, p. 124 (1ère éd. « Que sais-je ? », 1954).

[48] Jean-François Lyotard, « Mise à nue des contradictions algériennes », art. cit., p. 98.

[49] Jean-François Lyotard, « La situation en Afrique du nord », art. cit., p. 45.

[50] Jean-François Lyotard, « Le contenu social de la lutte algérienne », art. cit., p. 147.

[51] Ibid., p. 155.

[52] Jean-François Lyotard, « Mise à nue des contradictions algériennes », art. cit., p. 102.

[53] Jean-François Lyotard, « La situation en Afrique du nord », art. cit., p. 46-47.

[54] Jean-François Lyotard, « Le contenu social de la lutte algérienne », art. cit., p. 162.

[55] Jean-François Lyotard, « Touches », art. cit., p. 56.

[56] Jean-François Lyotard, « Le seuil de l’histoire », p. 15-16. Dans les Archives Lyotard, on trouve le document JFL196 intitulé La raison de l’histoire : l’histoire et les signes (au crayon sur la page de titre : « Le seuil de l’histoire »), qui porte la date du 8 juillet 1966. Le texte sera publié dans Digraphe, en deux numéros, mai et septembre 1984, publications qui deviennent presque introuvables. En 1987, Lyotard republiera la seconde partie du Seuil de l’histoire dans un volume d’études offert à Jean-Pierre Vernant (École des Hautes Études en Sciences Sociales).

[57] Jean-François Lyotard, « L’Algérie évacuée » (SouB 34, mars-mai 1963), in La Guerre des Algériens, Écrits 1956-1963, op. cit., p. 235 ; p. 247.

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