Appels à contributionune

Le neutre – appel à contribution

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           La notion de neutralité, ainsi que l’indique son étymologie, neuter (ni-ni), refuse de prendre parti et d’inscrire sa parole, qu’elle soit assujettie à l’ordre social ou qu’elle se prétende révolutionnaire, dans un espace des possibles ouvert et simultanément limité par ce qui est contesté.

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            Or l’idéal de retraite ne relève-t-il pas du simple fantasme et le déni de toute prise de position dans l’espace politique n’équivaut-il pas à la reconduction pleine de mauvaise foi de ce qu’il y à proprement de politique jusque dans le refus d’en reconnaitre le domaine sans limites d’exercice ? N’être d’aucun bord, c’est pouvoir prétendre être à part, en dehors d’un  « politique » que l’on concevrait comme un territoire circonscrit duquel il serait enfantin de sortir. Or cette position qui voudrait gommer cneue qu’elle a de positionné – être « hors position » – et oublier sa place qui est la sienne dans l’ordre du discours – oblitérant le « qui » et le « d’où » ça parle – dissimule une esthétique dominante qui se prétend anhistorique, et il suffit alors d’en établir la genèse et de remonter jusqu’au sujet qui se pare d’un masque impersonnel pour en révéler la supercherie : elle sert, à l’instar de l’idée de nature, de principe de classement et de déclassement, d’inclusion et d’exclusion. Ce fut le mérite par exemple de Bourdieu que de dénoncer l’impartialité comme l’expression de l’hégémonie d’un schème d’intelligibilité, d’exhiber à l’aune d’une épistémologie située, la facticité d’un point de vue qui en effaçant toute trace d’ancrage dans un espace socio-économique  légitimait la neutralité dont il se croyait détenteur – qu’il fût sincère ou manipulateur.

            Mais alors où trouver le neutre ? Quel est le statut de ce ni-ni, relève-t-il d’un « dehors » du régime normatif ou est-il au fond relatif à la binarité à laquelle il demeure rivée en voulant s’en défaire ? Peut-on penser plusieurs modèles de neutralité, ainsi de la conjonction (refuser les partis en les adoptant tous) et de la privation (l’asexualité par exemple qui pourrait se définir sans se référer à l’ordre érotique) ? Se réclamer de la neutralité, n’est-ce pas rester aggripé à la norme par rapport à laquelle se dégagent des espaces de marginalité ? En effet la transgression implique que la limite soit toujours à l’œuvre : non seulement l’écart est commandé par la norme – et n’existe que parce qu’il y a norme – mais de plus toute différence supposerait une identité par rapport à laquelle s’instituer. Le dilemme est clair : ou le neutre peut être repéré par une série de marques distinctives, mais alors ce serait l’hypostasier et risquer de glisser de nouveau dans les binarités préconstituées, ou il est sans topos, mais dans ce cas il figure essentiellement un processus de neutralisation inachevable : il s’agirait en somme de secouer le symbolique, et non de prétendre en sortir. Autrement dit le neutre serait non pas tant un concept descriptif que performatif. L’hors-positionnement n’équivaudrait pas à une extraction – une « libération », selon une perspective sotériologique de l’infra/extra –mais à une insertion dont l’ordre du pouvoir serait le terrain de jeu.

            Il reste que cette perspective, à examiner, peut être dépassée. Le dossier nourrit ce faisant l’ambition de passer outre cette condamnation, aujourd’hui omniprésente –l’idée que « tout est norme » irrigue nos discours – qui pèse sur la neutralité et d’interroger le statut de cette notion peu attrayante, car souvent associée à la pusillanimité, à la lâcheté, au manque de personnalité, et qui de ce fait ne jouit pas du même prestige que celui dont bénéficie la rhétorique de l’engagement.

Les contributions pourront ainsi porter sur les thèmes suivants (sans s’y réduire) :

-La neutralité sexuelle et biologique (transgenre, asexualité, intersexe)

-La neutralité grammaticale

-La neutralité en phénoménologie (sol originaire et epoché)

-La neutralité politique et morale (le genre de la morale, le désengagement, le minimalisme)

-La formation historique du concept de neutralité (terme attesté depuis le XIVème siècle)

-L’influence entre les disciplines (si la neutralité sexuelle est pensée à partir de la neutralité politique etc.)

INFORMATIONS PRATIQUES

 

Coordination éditoriale : Alexandre Couture-Mingheras

Contact : alex.couture.mingheras@gmail.com

Nous invitons les auteurs à soumettre des propositions portant sur l’un ou l’autre des thèmes évoqués. Les propositions, sous forme d’un résumé compris entre 300 et 1000 mots (formats .doc, .rtf,), seront anonymes, accompagnées d’un document séparé contenant le titre de l’article, le nom de l’auteur, son statut, son affiliation institutionnelle et une adresse email. Les propositions seront évaluées anonymement par un comité de lecture à partir des recommandations de deux relecteurs anonymes.

Les propositions doivent être adressées à la rédaction : redaction@implications-philosophiques.org

 

CALENDRIER

Date limite de réception des propositions : 2 mars 2015

Notification de la première phase de sélection : 16 mars 2015

Soumission des articles complets : 26 avril 2015

Acceptation définitive des articles : 20 mai 2015

Publication : courant juin

Les articles définitifs ne devront pas dépasser 8 000 mots.

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